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VII


Dès le commencement, les amants trouvèrent leur liaison nécessaire, fatale, toute naturelle. À leur première entrevue, ils se tutoyèrent, ils s’embrassèrent, sans embarras, sans rougeur, comme si leur intimité eût daté de plusieurs années. Ils vivaient à l’aise dans leur situation nouvelle, avec une tranquillité et une impudence parfaites.

Ils fixèrent leurs rendez-vous. Thérèse ne pouvant sortir, il fut décidé que Laurent viendrait. La jeune femme lui expliqua, d’une voix nette et assurée, le moyen qu’elle avait trouvé. Les entrevues auraient lieu dans la chambre des époux. L’amant passerait par l’allée qui donnait sur le passage, et Thérèse lui ouvrirait la porte de l’escalier. Pendant ce temps, Camille serait à son bureau, madame Raquin, en bas, dans la boutique. C’étaient là des coups d’audace qui devaient réussir.

Laurent accepta. Il avait, dans sa prudence, une