Page:Zola - Travail.djvu/149

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

avec les fours électriques, ce qui donnerait une fonte immédiate et complète, d’une parfaite régularité. Et il avait sans peine imaginé le four tel qu’il le concevait, un simple cube de briques, de deux mètres sur toutes ses faces, dont, à l’intérieur, le foyer et le creuset étaient en magnésie, la plus réfractaire des matières connues. Il avait également calculé et déterminé le volume des électrodes, deux gros cylindres de charbon, et sa première trouvaille réelle était d’avoir compris qu’il pourrait leur emprunter directement le carbone nécessaire pour désoxygéner le minerai, de sorte que l’opération de la fonte serait singulièrement simplifiée, presque sans scories encombrantes. Mais, si le four était construit du moins à l’état d’ébauche, comment le mettre en marche, le faire fonctionner d’une façon pratique et constante, au gré des besoins industriels ?

« Tenez ! dit-il en montrant du geste un modèle, dans un coin du laboratoire, le voilà, mon four électrique. Sans doute, il faudrait le perfectionner, il est défectueux sur plusieurs points, des difficultés que je n’ai pu encore résoudre. Pourtant, tel qu’il est là, il m’a donné des gueuses d’excellente fonte, et j’estime qu’une batterie de dix fours pareils, travaillant pendant dix heures, ferait la besogne de trois hauts fourneaux pareils au mien, qui ne s’éteindraient ni jour ni nuit. Et quelle besogne aisée, sans inquiétude d’aucune sorte, que des enfants dirigeraient en tournant de simples boutons !… Mais je dois confesser que mes gueuses de fonte m’ont coûté aussi cher que si elles étaient des lingots d’argents. Aussi le problème se pose-t-il d’une façon bien nette, mon four n’est encore qu’un joujou de laboratoire, il n’existera pour l’industrie que le jour où je pourrai l’alimenter d’électricité abondamment, à des prix de revient assez bas, qui rendent rémunératrice la fonte du minerai de fer. »