Page:Zola - Travail.djvu/211

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aujourd’hui est partie de loin, c’est que notre siècle entier a été un engendrement laborieux de la société nouvelle, celle qui va naître demain. Le peuple des travailleurs, depuis cent ans, naît chaque jour un peu plus à la vie sociale, et il sera demain le maître de sa destinée, par cette loi scientifique qui assure l’existence au plus fort, au plus sain, au plus digne d’être… C’est à cela que nous assistons, à la lutte dernière entre les quelques privilégiés, qui ont volé la richesse, et l’immense foule ouvrière, qui veut rentrer dans les biens dont on l’a dépouillée depuis des siècles. L’histoire ne nous conte pas autre chose, en nous apprenant comment quelques-uns se sont emparés du plus de bonheur possible, au détriment de tous, et comment tous les misérables volés n’ont cessé dès lors de lutter furieusement, dans le besoin vital de reconquérir ce qu’ils pourraient de bonheur… Il y a cinquante ans déjà que cette lutte devient sans merci, et c’est pourquoi vous voyez les privilégiés pris de peur, abandonner peu à peu d’eux-mêmes certains de leurs privilèges. Les temps approchent, cela se sent à toutes les concessions que les possesseurs du sol et de la richesse font au peuple. Sur le terrain politique, on lui a déjà beaucoup donné, et l’on va être forcé de lui donner beaucoup sur le terrain économique. Ce ne sont que lois nouvelles favorisant les travailleurs, que mesures humanitaires, que triomphes des associations et des syndicats, annonçant l’ère prochaine. La bataille entre le travail et le capital en est à cette crise aiguë, qui peut, dès maintenant, faire prédire la défaite de ce dernier. Dans un temps donné, c’est la disparition certaine du salariat… Et voilà pourquoi je suis convaincu de vaincre, en aidant à l’autre chose, à cette autre chose qui remplacera le salariat, à cette réorganisation du travail qui nous donnera une société plus juste, une civilisation plus haute. »

Il rayonnait de charité, de foi et d’espérance. Il continua,