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Page:Zola - Travail.djvu/30

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Mitaine, qui gâtait beaucoup son fils et qui l’élevait tendrement.

Et, comme Évariste commençait par Arsène, elle se récria, elle plaisanta.

« Mais on est galant, mon chéri, on donne d’abord aux dames ! »

Alors, Évariste et Olympe, confus, s’égayèrent, tout de suite camarades. Ah ces chers petits, c’était ce qu’il y avait de meilleur dans l’existence ! S’ils étaient sages, un jour, ils ne se dévoreraient plus comme les gens d’aujourd’hui. Et Lenfant s’en alla, en disant qu’il espérait tout de même apporter le son, mais plus tard. Mme Mitaine, qui l’avait accompagné jusqu’à la porte, le regarda monter en voiture et redescendre la rue de Brias. Ce fut à ce moment que Luc remarqua Mme Fauchard, tout d’un coup résolue, tramant son petit Louis, osant aborder la boulangère. Elle balbutia quelques mots qu’il ne put entendre, la demande d’un nouveau crédit sans doute, car tout de suite la belle Mme Mitaine rentra, avec un geste de consentement, et lui remit un grand pain, que la malheureuse se hâta d’emporter, serré contre sa maigre poitrine.

Dacheux, dans son exaspération soupçonneuse, venait de suivre la scène, de l’autre trottoir. Il cria :

« Vous vous ferez voler. On vient encore de voler des boîtes de sardines, chez Caffiaux. On vole partout.

— Bah ! répondit gaiement Mme Mitaine, revenue sur le seuil de sa boutique, on ne vole que les riches. »

Lentement, Luc continua de descendre la rue de Brias, dans le piétinement de troupeau, sans cesse grossi. Il lui semblait maintenant qu’une terreur passait, qu’un souffle de violence allait emporter cette foule assombrie et muette. Puis, comme il arrivait à la place de la Mairie, il retrouva la voiture de Lenfant, arrêtée au coin de la rue, devant une quincaillerie, une sorte de bazar, que tenaient les époux