Page:Zola - Travail.djvu/391

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

l’éducation, ne plus les baser sur la paresse de l’homme, mais sur son inextinguible besoin de savoir, et rendre l’étude agréable, et laisser à chacun son énergie individuelle, et réunir dès l’enfance les deux sexes qui doivent vivre côte à côte, lorsque les écoles étaient là si prospères, débarrassées du trop de livres, mêlant les leçons aux récréations, aux premières notions des apprentissages professionnels, aidant chaque génération nouvelle à se rapprocher de l’idéale Cité, vers laquelle l’humanité est en marche depuis tant de siècles  ?

Aussi l’exemple extraordinaire que la Crêcherie donnait quotidiennement sous le grand soleil, devenait-il contagieux. Il ne s’agissait plus de théories, il s’agissait d’un fait qui se passait là aux yeux de tous, d’une floraison superbe, dont l’épanouissement s’élargissait sans arrêt. Et, naturellement, l’association gagnait de proche en proche les hommes et les terrains d’alentour, des ouvriers nouveaux se présentaient en foule, attirés par les bénéfices, par le bien-être, des constructions nouvelles poussaient de partout, s’ajoutaient continuellement aux premières bâties. En trois ans la population de la Crêcherie doubla  ; et la progression s’accélérait avec une incroyable rapidité. C’était la Cité rêvée, du travail réorganisé, rendu à sa noblesse, la Cité future du bonheur enfin conquis, qui sortait naturellement de terre autour de l’usine élargie elle-même, en train de devenir la métropole, le cœur central, source de vie, dispensateur et régulateur de l’existence sociale. Les ateliers, les grandes halles de fabrication s’agrandissaient, couvraient des hectares  ; tandis que les petites maisons claires et gaies, au milieu des verdures de leurs jardins, se multipliaient, à mesure que le personnel, le nombre des travailleurs, des employés de toutes sortes, augmentait. Et ce flot peu à peu débordant, les constructions nouvelles, s’avançait vers l’Abîme menaçait de le conquérir,