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Page:Zola - Travail.djvu/543

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né de son fils aîné Hilaire Froment et de Colette, fille de Nanet et de Nise. Tous les mariages qui s’étaient conclus, portaient maintenant leurs fruits, emplissaient les crèches et les écoles d’un flot sans cesse grossi de têtes blondes et brunes, le petit peuple en train de pousser sans relâche pour demain.

«  Oh  ! dit Sœurette, c’est une simple écharde qui doit venir de la tablette de sa chaise… Là, c’est guéri  !   »

L’enfant avait eu un cri léger, puis il s’était remis à rire. Mais une fillette de quatre ans, lâchée en liberté celle-là, accourut les bras ouverts, comme pour le saisir et l’emporter.

«  Veux-tu bien le laisser tranquille, Mariette  ! cria Josine prise de peur. On ne fait pas une poupée de son petit frère  !   »

Mariette protesta dit qu’elle était sage. Et Josine, en bonne grand-mère radoucie, regarda Luc, et tous deux sourirent, si heureux de ce petit peuple, poussé de leur tendresse. Suzanne, d’ailleurs, leur amenait deux autres blondines, Hélène et Berthe, deux jumelles de quatre ans, leurs petites-filles aussi. Elles étaient nées de leur deuxième fille, Pauline, qui venait d’épouser André Jollivet, dont le grand-père, le président Gaume, avait pris soin, après la disparition de Lucile et la mort tragique du capitaine. Luc et Josine, sur leurs cinq enfants, en avaient déjà marié trois, Hilaire, Thérèse, Pauline, et deux n’étaient encore que fiancés, Charles et Jules.

«  Et ces mignonnes-là vous les oubliez  !   » dit gaiement Suzanne.

Les deux jumelles, Hélène et Berthe, s’étaient jetées au cou de Luc, qu’elles adoraient. Mariette aussi l’envahissait, lui grimpait aux jambes, tandis qu’Olivier lui-même, le tout-petit, tendait ses menottes guéries, criant avec une frénésie de désir, pour que le grand-papa le prît sur ses épaules. Luc, étouffé sous les caresses, plaisanta.