Page:Zola - Travail.djvu/93

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Le lendemain, dimanche, Luc venait de se lever, lorsqu’il reçut une lettre amicale de Mme Boisgelin, qui l’invitait à déjeuner, à la Guerdache. L’ayant su à Beauclair, et n’ignorant pas que les Jordan ne devaient rentrer que le lundi, elle lui disait combien elle serait heureuse de le voir, de causer un peu de leur bonne intimité de Paris, quand ils menaient ensemble, dans le quartier pauvre du faubourg Saint-Antoine, de grosses affaires de charité, dont ils ne parlaient à personne. Et Luc, qui avait pour elle une sorte de vénération affectueuse, accepta tout de suite, en répondant que, dès onze heures, il serait à la Guerdache.

Un temps superbe avait succédé à la semaine de fortes pluies qui venaient de noyer Beauclair. Un soleil radieux s’était levé dans un ciel d’un bleu pur, comme lavé par les averses, un de ces clairs soleils de septembre, si chaud encore, que les routes étaient déjà sèches. Aussi Luc fut-il heureux de faire à pied les deux kilomètres qui séparaient la Guerdache de la ville. Lorsque, vers dix heures un quart, il traversa celle-ci, la ville nocive qui s’étendait de la place de la Mairie aux premiers champs de la Roumagne, il fut surpris de la gaieté blonde de ce quartier lampant, il évoqua l’affreux deuil du quartier pauvre qu’il avait vu la veille. C’était dans la ville neuve que se trouvaient la sous-préfecture, le tribunal, une belle prison, dont les plâtres étaient frais encore.