Page:Zola - Vérité.djvu/122

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Immédiatement, il parla de Simon d’une voix émue, il dit combien son cœur était acquis au triste sort de ce malheureux. Sans doute, il ne refuserait pas de lui venir en aide, il parlerait en sa faveur, il verrait les gens utiles. Mais, avec beaucoup de bonne grâce, il finit par recommander une grande prudence, à cause des élections prochaines. C’était, en somme, si la façon s’en montrait plus caressante, la même réponse que chez Lemarrois, la sourde volonté de ne rien faire, pour ne pas compromettre l’arche sainte, les candidatures posées déjà devant les électeurs. Les deux écoles avaient beau différer, l’une, la vieille, plus brutale, l’autre, la jeune, plus enveloppée de compliments : elles s’entendaient dans l’âpreté à ne rien lâcher du lambeau de pouvoir conquis. Et Marc eut là, pour la première fois, la sensation que Marcilly pouvait bien n’être que l’arriviste dans toute sa fleur, froidement résolu à porter son fruit. Pourtant, il dut le remercier en le quittant, car le jeune député lui jurait de le servir, se remettait à sa disposition, avec un débordement de douces paroles.

Ce jour-là lorsqu’il revint à Maillebois, Marc était plein de crainte et de souci. Et, l’après-midi, voulant porter aux Lehmann son encouragement, il tomba, rue du Trou, au milieu d’une famille éplorée. Ils avaient tant compté sur une ordonnance de non-lieu ! David, qui était là, bouleversé par la mauvaise nouvelle, voulait croire encore à quelque prodige, qui empêcherait l’inique procès. Mais, les jours suivants, les choses marchèrent très vite, la chambre des mises en accusation parut prise d’une hâte singulière, et le Parquet fixa l’affaire au plus tôt, pour la session d’octobre. Alors, David, avec cette foi ardente en l’innocence de son frère, cette force et cette fermeté d’âme qui devaient faire de lui un héros, retrouva tout son courage, toute sa certitude. Le