Page:Zola - Vérité.djvu/214

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meilleurs, en se montrant bon et juste pour lui.

Mais ce que n’osait dire Geneviève, de peur de chagriner Marc, c’était que le ménage souffrait surtout de sa brouille avec Mme Duparque. Autrefois la grand-mère habillait Louise, faisait des cadeaux, venait en aide aux fins de mois, dans les moments difficiles. Et, maintenant qu’on était à Maillebois, presque porte à porte, elle aurait pu être d’un secours constant. Puis, quelle gêne quotidienne de la savoir là, d’être obligé de tourner la tête, quand on la rencontrait deux fois, Louise, dont les trois ans ne savaient pas, avait tendu ses menottes, au passage de la vieille dame, en l’appelant. Si bien que l’aventure fatale arriva, Geneviève rentra un jour, très émue, ayant cédé aux circonstances, en embrassant sa grand-mère et sa mère, qui traversaient la place des Capucins, et dans les bras desquelles Louise était allée se jeter innocemment.

Lorsqu’elle se fut confessée à Marc, celui-ci l’embrassa à son tour, avec un bon sourire.

— Mais c’est très bien, ma chérie, je suis très heureux pour toi et pour Louise de cette réconciliation. Elle devait se produire, et tu ne me penses pas assez barbare, si je suis fâché avec ces dames, de vouloir que vous le soyez aussi ?

— Sans doute, mon ami. Seulement, c’est si gênant, dans un ménage, quand une femme va où son mari ne peut aller.

— Et pourquoi donc gênant ? Pour notre paix, il est préférable, je crois, que je ne revoie pas ta grand-mère, avec laquelle je ne saurais m’entendre. Mais toi et l’enfant, rien ne vous empêche de lui rendre visite, ainsi qu’à ta mère, de temps à autre.

Geneviève était devenue grave, les yeux à terre, réfléchissant. Elle eut un léger frisson.

— J’aurais préféré ne pas aller chez grand-mère sans toi.