Page:Zola - Vérité.djvu/229

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lève revint de chez les frères, où l’on commençait à dire que régnait une saleté repoussante. Mais, au milieu de cette sympathie naissante, Marc ne s’illusionnait pas, en sentait très bien encore la fragilité. Il faudrait des années pour libérer le pays du poison clérical. Et il continuait à gagner du terrain avec précaution, heureux chaque jour du peu de résultat acquis. Il avait poussé le désir de paix, sur la prière de Geneviève, jusqu’à se remettre avec ces dames ; et ce fut justement à l’occasion de la fameuse question du lavage, où, contre l’ordinaire, elles se trouvèrent d’accord avec lui. Il retournait donc, de temps à autre, faire visite avec sa femme et sa fillette à Mme  Duparque, dans la petite maison de la place des Capucins.

Les deux vieilles dames restaient cérémonieuses, évitaient soigneusement les sujets de conversation inquiétants, ce qui enlevait à la causerie toute bonne intimité. Cependant, Geneviève se montrait ravie de cette réconciliation, délivrée de la gêne où elle était, lorsqu’elle venait voir seule sa grand-mère et sa mère, comme en cachette de son mari. Dès lors, elle les revit presque tous les jours, elle laissait parfois Louise chez elles, allait et venait d’un logis à l’autre, sans que Marc s’en préoccupât, heureux même de la joie de sa femme, que ces dames, de nouveau, comblaient de gentillesses et de petits présents.

Un dimanche, étant allé déjeuner chez un ami, à Jonville, dont il avait quitté l’école depuis deux ans, Marc sentit tout d’un coup, par comparaison, le terrain considérable qu’il avait gagné, dans sa bonne œuvre, à Maillebois. Jamais il ne s’était mieux rendu compte de l’influence décisive de l’instituteur, excellente quand l’instituteur était un esprit de vérité et de progrès, désastreuse s’il s’enfermait dans l’erreur et dans la routine. Tandis que Maillebois revenait lentement à plus de justice, à plus de santé prospère, Jonville retournait aux