ce qu’elle en avait fait, car jamais plus elle ne lui en avait reparlé. Elle seule pouvait le donner, si elle le possédait encore ; et quel document précieux, le fait nouveau tant cherché, qui sans doute permettrait à la famille de Simon de demander la révision de l’inique procès ! Resté seul, Marc sentit, monter en lui une joie débordante. Il aurait voulu courir chez les Lehmann, leur annoncer la bonne nouvelle, pour apporter un peu de bonheur à la triste maison en deuil, accablée sous l’exécration populaire. Enfin, c’était donc un rayon de soleil, dans la nuit noire de l’iniquité ! Et, comme il remontait près de sa femme, il cria dès le seuil, exalté, ayant le besoin de vider son cœur :
— Tu sais, Geneviève, j’ai la preuve de l’innocence de Simon… Ah ! la justice se réveille, nous allons pouvoir marcher !
Mais il n’avait pas aperçu, dans l’ombre, Mme Duparque, qui, depuis la réconciliation, daignait parfois rendre ainsi visite à sa petite-fille. Elle eut un sursaut, elle dit de sa voix sèche :
— Comment ! l’innocence de Simon ! vous en êtes encore à votre folie… Une preuve, quelle preuve ? mon Dieu !
Et, lorsqu’il eut raconté l’entretien qu’il venait d’avoir avec le petit Milhomme, elle recommença à se fâcher.
— Le témoignage d’un enfant, belle affaire ! Il prétend qu’il a menti autrefois, qui vous prouve que ce n’est pas aujourd’hui qu’il ment ?… Et alors, le coupable serait un frère ? Dites toute votre pensée, vous n’avez d’autre but que d’accuser un frère, n’est-ce pas ? Toujours votre rage d’impiété !
Un peu déconcerté de tomber ainsi sur la vieille dame, voulant éviter à sa femme le chagrin d’une rupture nouvelle, il se contenta de dire gentiment : — Grand-mère, je ne veux pas discuter avec vous…