Page:Zola - Vérité.djvu/249

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Trois jours plus tard, dans leur chambre, un soir que Geneviève était déjà couchée, et comme Marc se déshabillait pour la rejoindre au lit, il lui apprit qu’il venait de recevoir une lettre pressante de Salvan, qui l’attendait le lendemain dimanche. Et il ajouta :

— Sans doute, il s’agit de ce crucifix, que j’ai enlevé du mur de l’école. Des parents se sont plaints, paraît-il, et cela menace de faire toute une histoire. Je m’y attendais, d’ailleurs.

Geneviève, la tête dans l’oreiller, ne répondit pas. Mais, lorsqu’il fut couché, la lumière éteinte, il fut surpris délicieusement de la sentir qui le prenait avec douceur entre ses bras, et qui lui disait très bas, à l’oreille :

— Je t’ai parlé avec dureté, l’autre jour, et c’est vrai, je ne pense pas comme toi, ni sur la religion, ni sur l’affaire ; mais je t’aime toujours bien, je t’aime de tout mon cœur.

Il fut d’autant plus ému, que, depuis trois nuits, elle lui tournait le dos, comme s’il y avait eu entre eux rupture conjugale.

— Et, continua-t-elle tendrement, puisque tu vas avoir de la peine, je ne veux pas que tu me croies fâchée. On peut avoir des idées différentes et s’adorer quand même, n’est-ce pas ? et, si tu es à moi, je suis encore à toi tout entière, mon cher petit mari.