Page:Zola - Vérité.djvu/274

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paroissiale de Saint-Martin, promettaient le prochain rétablissement de Dieu chez les infidèles, ce qui annonçait qu’on raccrocherait solennellement Jésus crucifié au mur de l’école laïque. Et, comme dernier désastre, Marc, ayant rencontré Darras, le sentit très froid, résolu à l’abandonner, par crainte de perdre jusqu’à la minorité républicaine du conseil municipal.

— Que voulez-vous, mon cher ? vous êtes allé trop loin, nous ne pouvons vous suivre en ce moment… Ce cafard de Philis me guette et je resterais sur le carreau avec vous, ce qui est inutile.

Marc, désespéré, courut voir Salvan. C’était le dernier appui solide qui lui demeurât fidèle. Et il le trouva soucieux, assombri, presque gêné.

— Ça va très mal, mon enfant. Le Barazer est muet, l’air préoccupé, et je crains qu’il ne finisse par vous lâcher, tant on mène autour de lui une furieuse campagne… Vous avez peut-être marché un peu trop vite.

Saisi de douleur, voyant dans ces paroles un abandon encore, Marc s’écria :

— Vous, vous aussi, mon maître !

Mais, déjà, très ému, Salvan lui avait saisi les mains.

— Non, non, mon enfant, ne doutez pas de moi, je reste avec vous de tout mon cœur et de tout mon courage. Seulement, vous ne vous doutez pas des difficultés que votre acte si simple et si logique nous a créées à tous. Ici, mon École normale est suspectée, dénoncée comme un foyer d’irréligion. Le proviseur Depinvilliers en profite pour exalter les services rendus par l’aumônier de son lycée à la cause de l’apaisement, de la réconciliation des partis dans le giron de l’Église. Et il n’est pas jusqu’à notre recteur, le paisible Forbes, qui ne s’agite, en tremblant de voir sa tranquillité troublée… Le Barazer est bien adroit, mais aura-t-il une force de résistance suffisante ?