Page:Zola - Vérité.djvu/299

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soigner l’instruction religieuse, malgré la défense formelle du père.

Mais, si le cas de sa fillette ne préoccupait pas encore Marc sérieusement, il comprenait la nécessité pressante d’agir, pour que la mère, sa Geneviève adorée, ne lui fût pas reprise, arrachée bientôt tout entière. Il en avait eu déjà la nette sensation, et maintenant l’évidence s’imposait : c’était chez Mme  Duparque, la grand-mère, dans la petite maison dévote de la place des Capucins, que Geneviève avait senti repousser en elle sa longue hérédité catholique, les ferments pieux de son enfance et de sa jeunesse. Il existait là comme un foyer de contagion mystique, où devait se rallumer une foi mal éteinte, simplement en sommeil sous les joies premières de l’amour humain. S’ils étaient restés à Jonville, Marc se rendait bien compte qu’il aurait pu suffire à l’inquiète passion de Geneviève, dans leur solitude tendre. À Maillebois, des éléments étrangers étaient intervenus, cette terrible affaire Simon surtout qui avait comme déterminé la cassure, puis les conséquences sans cesse aggravées, la lutte entre lui et la congrégation, la mission libératrice dont il s’était chargé. Et ils n’avaient plus été seuls, le flot des gens et des choses s’était peu à peu élargi entre eux, de sorte qu’ils sentaient venir le jour où ils se retrouveraient complètement étrangers l’un à l’autre. Maintenant, chez Mme  Duparque, Geneviève rencontrait les adversaires les plus acharnés de Marc. Celui-ci finit par apprendre que la terrible grand-mère, si rude et si têtue, avait obtenu, après des années d’humbles sollicitations, la faveur insigne d’avoir pour directeur le père Crabot. D’ordinaire, le recteur de Valmarie se réservait aux dames de la belle société de Beaumont, et il lui avait fallu certainement des raisons puissantes avant de se résoudre à confesser cette très vieille bourgeoise, de si peu d’importance. Et non seulement il la recevait, dans la chapelle de Valmarie, à