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Page:Zola - Vérité.djvu/306

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c’était surtout afin d’atteindre en lui l’artisan de vérité, le justicier possible, Il fallait le supprimer, sa destruction assurait seule l’impunité des vrais coupables. Une grande douleur fit trembler sa voix.

— Ah ! Geneviève, ceci est plus grave, ce serait la fin de notre ménage, si nous ne pouvions même plus nous entendre sur une question si claire et si simple… N’es-tu donc plus avec moi, dans cette douloureuse affaire ?

— Certes, non !

— Et tu crois ce malheureux Simon coupable ?

— Mais ça ne fait pas un doute ! Toutes vos raisons pour l’innocenter ne reposent sur rien. Je voudrais que tu entendisses causer les personnes dont tu oses soupçonner la vie pure. Et, lorsque tu te trompes si grossièrement sur un cas évident, jugé sans appel, comment veux-tu que j’aie la moindre foi en tes autres idées, ta société chimérique, où tu commences par tuer Dieu ?

Il l’avait reprise dans ses bras, il la serrait fortement. C’était bien cela, leur lente rupture partait de leur divergence sur ce point précis, cette question de vérité et de justice, où l’on avait réussi à lui empoisonner l’entendement, pour les briser l’un contre l’autre.

— Écoute, Geneviève, il n’y a qu’une vérité, il n’y a qu’une justice. Il faut que tu m’entendes et que notre accord fasse notre paix.

— Non, non !

— Geneviève, il n’est pas possible que tu restes dans de telles ténèbres, lorsque moi je suis dans la lumière certaine.

Ce serait notre séparation à jamais.

— Non, non ! laisse-moi. Tu me fatigues, je ne t’écouterais même pas.

Et elle s’arracha de son étreinte, elle éloigna son corps du sien, en lui tournant le dos. Vainement, il essaya de la reprendre entre ses bras, avec de douces paroles et des