Page:Zola - Vérité.djvu/320

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la tour de raison et de volonté saine. Ce n’était encore qu’une enfant, mais elle montrait une vive intelligence, un goût de la vérité, dont l’aiguillon la faisait questionner son père sans cesse. Et elle l’adorait, tout en aimant aussi beaucoup sa mère, qui s’occupait d’elle passionnément.

— Alors, papa, reprit-elle, tu crois que, si on me dit, au catéchisme, des choses pas raisonnables, je vais les accepter ?

Dans son émotion, Marc ne put s’empêcher de sourire.

— Raisonnables ou non, il faudra bien que tu les acceptes.

— Mais tu me les expliqueras ?

— Non, mon enfant, elles sont et doivent rester inexplicables.

— Tu m’expliques bien tout ce que je te demande, quand je reviens de chez Mlle  Rouzaire et que je n’ai pas compris…

Même que c’est grâce à toi que je suis la première de la classe.

— Si tu revenais de chez l’abbé Quandieu, je n’aurais rien à t’expliquer, parce que les prétendues vérités du catéchisme ont pour essence de ne pas être accessibles à notre raison.

— Ah ! c’est drôle !

Et Louise, un instant, fit silence, les yeux perdus, tombés en de grandes réflexions. Puis, d’une voix lente, l’air absorbé toujours, elle acheva de réfléchir à voix haute.

— C’est drôle, moi, quand on ne m’a pas expliqué et que je n’ai pas compris, je ne retiens rien, ça reste comme si ça n’existait pas. Je ferme les yeux, et je ne vois rien, c’est tout noir. Aussi, j’ai beau alors me donner de la peine, je suis dernière.

Elle était charmante, avec sa petite mine sérieuse, en enfant déjà pondérée, allant d’instinct à tout ce qui était