qui ferait ainsi franchir un pas encore, vers plus de savoir, à l’humanité en marche.
Mais un nouvel élève que Marc avait tenu à prendre dans sa classe, lui causait surtout des ennuis. C’était le petit Joseph, le fils de Simon, qui achevait sa onzième année. Longtemps Marc n’avait point osé l’exposer aux mauvaises paroles et aux coups des autres enfants. Puis, avec l’espoir que les passions se calmaient enfin, il s’était risqué, insistant auprès de Mme Simon et des Lehmann, leur promettant de veiller sur le cher petit. Et, depuis près de trois ans, il le gardait, il finissait par l’imposer à la bonne camaraderie de ses condisciples, après avoir dû le défendre contre toutes sortes de vexations. Même il s’était servi de lui comme d’un vivant exemple, pour enseigner la tolérance, la dignité, la bonté. Joseph était un très bel enfant, chez lequel la grande beauté de la mère s’alliait à l’intelligence solide du père, et qui se trouvait comme mûri avant l’âge, l’air grave et réservé, par l’histoire affreuse dont il avait fallu l’instruire. Il travaillait avec une ardeur sombre, il semblait tenir à être toujours le premier de sa classe, afin d’avoir au moins ce triomphe, de se hausser ainsi au-dessus de l’outrage. Son rêve, son désir formel, que Marc encourageait, était de devenir instituteur, mettant dans cette volonté d’enfant une sorte de revanche et de réhabilitation. Et, sans doute, ce fut cette ferveur secrète de Joseph, cette gravité passionnée d’un enfant si intelligent et si beau, qui toucha beaucoup la petite Louise. Il avait juste trois ans de plus qu’elle, et elle devint sa grande amie, tous deux riaient d’aise à se retrouver ensemble. Parfois, Marc le retenait après la classe, et parfois aussi sa sœur Sarah le venait chercher, lorsque Sébastien Milhomme, resté là également, consentait à être de la partie. Alors, c’était un charme, les quatre enfants jouaient sans se quereller jamais, tellement ils se sentaient d’accord en toutes