pareil, un combattant de 1870, un ami du fondateur de la République, se mettait du côté des congrégations, au nom de la patrie menacée par les juifs ? Pour une Mlle Mazeline, si ferme toujours dans sa besogne de raison et de bonté, pour un Mignot, converti par l’exemple, acquis au bon combat, que de lâches et de traîtres, et avec quelle lenteur le personnel de l’enseignement primaire gagnait en libre esprit, en générosité, en dévouement, malgré les renforts qui lui venaient chaque année de l’École normale ! Et, cependant, Salvan y poursuivait son œuvre de régénération, avec sa foi ardente, dans la conviction où il était que, seul, le modeste instituteur sauverait le pays du noir anéantissement clérical, le jour où l’instituteur serait libéré lui-même, capable d’enseigner la vérité et la justice. Ainsi qu’il le répétait sans cesse : autant vaut l’instituteur primaire, autant vaudra la nation. Et, si les progrès se trouvaient si lents, c’était donc que le travail d’évolution, pour produire de bons maîtres, devait se répartir sur des générations successives, de même que des générations d’élèves seraient nécessaires, avant de voir naître le peuple juste, dégagé de l’erreur et du mensonge.
Alors, de toute son enquête désastreuse, du cri de désespérance sorti de la tombe de Férou, Marc ne garda que la fièvre de continuer la lutte, en redoublant d’efforts. Depuis quelque temps, il s’occupait surtout des œuvres post-scolaires, pour maintenir un lien entre les instituteurs et leurs anciens élèves, que la loi leur reprenait dès l’âge de treize ans. Des sociétés amicales se créaient partout, et l’on rêvait la fédération des amicales d’un même arrondissement d’un département, de la France entière. Puis, c’étaient des sociétés de patronage, de mutualité, de retraite et de secours. Mais, pour le but qui le hantait, l’organisation de cours d’adultes, le soir, à l’école communale, lui semblait particulièrement désirable.