Page:Zola - Vérité.djvu/545

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Satan, vous ou un autre voleur d’âmes, s’introduire chez elle, pour lui dérober sa fille et sa petite-fille. Aussi est-elle restée, et dans quelle fureur froide, vous ne pouvez-vous l’imaginer ! ses yeux, comme des épées, me perçaient de part en part.

Marc, ardemment, écoutait, se passionnait.

— Ah ! Geneviève a refusé d’assister à cette procession. Elle en a donc compris la malfaisance, la bassesse et la sottise, et elle revient donc un peu à sa saine raison d’autrefois ?

— Sans doute, continua Salvan. Surtout, elle a été blessée, je crois, par ces extravagantes obligations hypothécaires sur le paradis… Hein ? mon ami, est-ce admirable ? Jamais tant d’impudence religieuse n’a exploité tant d’imbécillité humaine.

Lentement, les deux hommes s’étaient dirigés vers la gare, où Salvan comptait prendre le train, pour rentrer à Beaumont. Et, quand Marc le quitta, il était plein d’une grande espérance.

En effet, dans la petite maison de la place des Capucins, rendue plus morne et plus froide par le prochain deuil dont elle était menacée, Geneviève se trouvait en proie à une crise nouvelle, qui, lentement, la bouleversait, la retournait toute. D’abord, la vérité l’avait comme foudroyée, cette certitude que la lecture des documents lui avait apportée de l’innocence de Simon, terrible lumière au resplendissement de laquelle lui était apparue l’infamie des saints hommes, acceptés jusque-là comme les directeurs de sa conscience et de son cœur. Puis, tout venait de partir de là, le doute désormais entrait en elle, la foi s’en allait, elle ne pouvait plus ne pas discuter, juger, soumettre chaque chose à son libre examen. Le père Théodose lui avait laissé un sentiment de malaise, la honte trouble de s’être sentie avec lui à la veille d’une vilaine action. Et voilà que ce langage des obligations, cette exploitation