Page:Zola - Vérité.djvu/563

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avec le petit garçon, très attentif sur sa chaise, écoutant sans comprendre. Aussi voulut-elle tenter un dernier effort, en s’adressant à Louise.

— Toi, pauvre enfant, tu es la plus à plaindre, et je frémis, quand je pense dans quel abîme d’abominations tu te jettes… Si tu avais fait ta première communion, tous ces maux nous seraient évités. Dieu nous punit de n’avoir pas su vaincre ta résistance impie. Et il serait temps encore, quelles grâces tu obtiendrais de sa miséricorde infinie, pour la maison entière, le jour où tu te soumettrais, où tu t’approcherais de la sainte table, en humble servante de Jésus !

Doucement, la jeune fille répondit :

— Pourquoi revenir sur cela, grand-mère. Tu sais bien la promesse formelle que j’ai faite à mon père. Ma réponse ne peut pas varier, je me déciderai à vingt ans. Je verrai si j’ai la foi.

— Mais, misérable obstinée, si tu retournes chez cet homme qui vous a perdues toutes les deux, ta réponse est certaine à l’avance, tu resteras sans croyance, sans religion, comme une bête !

Et, devant le silence déférent de la fille et de la mère, qui, pour ne pas prolonger une discussion inutile et pénible, s’étaient remises à leurs malles, elle exprima un suprême désir.

— Eh bien ! si vous êtes résolues à partir toutes les deux, laissez-moi au moins ce petit garçon, laissez-moi Clément. Il sera la rançon de votre folie, je l’élèverai dans l’amour de Dieu, j’en ferai un saint prêtre, et je ne resterai pas seule, nous serons deux ici à prier pour que la colère divine vous épargne, au jour terrible du Jugement.

Geneviève, vivement, s’était redressée.

— Te laisser Clément ! mais il est la grande raison de mon départ. Je ne sais plus comment l’élever, je veux