Après le convoi, dont la famille laissa l’abbé Coquard se charger, on ne trouva rien dans les tiroirs de la morte, ni testament, ni valeurs d’aucune sorte. On ne pouvait accuser le père Théodose de les avoir soustraites, puisqu’il n’était plus entré dans la maison. Les avait-elle, de son vivant, données de la main à la main, à lui ou à d’autres ? Ou les avait-elle détruites, pour anéantir ces biens périssables, dont elle ne voulait pas que sa famille profitât ? On ne put éclaircir le mystère, jamais un sou ne fut retrouvé. Il restait seulement la petite maison, qui fut vendue, et dont Geneviève fit distribuer l’argent aux pauvres, en disant qu’elle entendait se conformer ainsi aux volontés certaines de sa grand-mère.
Le soir où elle rentra du convoi, elle se jeta au cou de son mari, elle se confessa, en un élan de tout son être.
— Si tu savais… J’étais reprise, depuis que je savais grand-mère toute seule, si brave et si grande dans sa croyance obstinée. Oui, je me demandais si ma place n’était pas auprès d’elle, si j’avais bien agi en la quittant… Que veux-tu ? jamais je ne guérirai, toujours j’aurai au fond de moi un peu de ma foi ancienne… Mais, grand Dieu ! quelle affreuse chose que cette mort, et comme tu as raison de vouloir la vie, la femme libérée remise en son rôle d’égale et de compagne de l’homme, tout ce qui est bon, tout ce qui est vrai, tout ce qui est juste !
Un mois plus tard, les deux mariages eurent lieu civilement, Louise épousa Joseph, et Sarah épousa Sébastien. Marc y vit un commencement de victoire. Les moissons futures, semées avec tant de peine, au milieu des persécutions et des outrages, germaient et poussaient déjà.