Page:Zola - Vérité.djvu/626

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minutes de chemin de fer, pour veiller sur l’atelier de confection que le vieux Lehmann dirigeait toujours, rue du Trou. Mais il se faisait bien vieux, quatre-vingts ans passés, et elle songeait à céder la maison, dont il lui devenait difficile de s’occuper elle-même.

Lorsque Marc eut embrassé Louise, il serra les deux mains de Sarah.

— Et mon fidèle Sébastien, et votre grande fille Thérèse, et vous-même, ma chère enfant ?

— Tout le monde se porte à merveille, répondit-elle d’un air de gaieté. Jusqu’à grand-père Lehmann qui est solide comme un chêne, malgré son âge. Et puis, j’ai de bonnes nouvelles de là-bas, nous avons reçu une lettre de l’oncle David, où il nous dit que mon père est remis des accès de fièvre qui le reprennent parfois.

Marc hocha doucement la tête.

— Oui, oui, la blessure reste inguérissable au fond. Il faudrait pour le rétablir complètement cette réhabilitation tant désirée, si difficile à obtenir. Mais nous sommes en bon chemin, j’espère toujours, car les temps glorieux sont proches… Et répétez-le à Sébastien, chaque enfant dont il fait un homme est un ouvrier de plus pour la vérité et la justice.

Ensuite, il s’attarda un instant, causant avec Louise, lui apportant des nouvelles de Mlle  Mazeline, qui vivait très retirée à Jonville, en compagnie d’oiseaux et de fleurs. Il lui fit promettre d’envoyer le petit François passer le dimanche là-bas, car c’était pour la grand-mère une vive joie d’avoir l’enfant toute une journée à elle.

— Et viens aussi, dis à Joseph de venir, nous irons tous ensemble saluer le bon Salvan, qui sera ravi de voir cette descendance de braves instituteurs, dont il est un peu le père. Nous lui amènerons Mlle  Mazeline avec nous… Et vous aussi, Sarah, vous devriez amener Sébastien