Page:Zola - Vérité.djvu/628

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pour réparer le désastre dont l’instituteur Jauffre s’était fait l’auteur conscient, en abandonnant la commune aux mains du curé Cognasse. À mesure que des hommes sains et raisonnables sortaient désormais de l’école de Marc, toute la mentalité du pays se trouvait renouvelée, une population se créait peu à peu, exempte du mensonge, capable de raison ; et ce n’était pas seulement une richesse intellectuelle en train de s’élargir, plus de logique, de franchise, de fraternité ; c’était aussi une grande prospérité matérielle qui se déclarait, car la fortune, le bonheur d’un pays dépend uniquement de sa culture d’esprit et de sa moralité civique. De nouveau, l’abondance revenait dans les logis propres et bien tenus, les champs se couvraient de magnifiques moissons, grâce aux méthodes nouvelles adoptées, la campagne était redevenue une joie pour les yeux, au grand soleil de l’été. Et c’était tout un heureux coin de terre en marche pour la paix, si ardemment souhaitée depuis des siècles.

Martineau, le maire, reconquis par Marc, agissait à présent avec lui, suivi de tout le conseil municipal. Une série de faits avait hâté ce bon accord, cette entente commune de l’instituteur et des autorités, qui permettait d’aller vite en besogne dans la voie des réformes désirables. L’abbé Cognasse, après s’être contenu quelque temps, cédant aux conseils d’onction caressante reçus à Valmarie, voulant garder les femmes, dans la certitude que quiconque les a reste invincible, venait de retomber à ses violences coutumières, incapable de patience, enragé de voir les femmes elles-mêmes lui échapper, tant il mettait de mauvaise grâce à les retenir. Et il en arriva à de véritables brutalités, en ministre vengeur du Dieu qui ravage et qui tue, distribuant à la volée les effroyables peines éternelles pour les moindres offenses. Un jour, il frotta jusqu’au sang les oreilles du petit Moulin, qui avait tiré la jupe de la vieille servante du presbytère, la