Page:Zola - Vérité.djvu/681

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ni Adrien, ni Marcel ne purent réprimer un sourire, malgré leur tendresse déférente.

— Le syndicat des juifs dans une cave, ah ! grand-mère dit doucement Adrien. Il y a beau temps qu’il n’y a plus de juifs, puisqu’il ne va plus y avoir de catholiques… La disparition des Églises est la fin de toutes les guerres religieuses.

Mais sa mère entrait et il alla l’embrasser. Angèle Bongard, l’ancienne élève de Mlle  Rouzaire, la petite paysanne avisée, avait beaucoup fait pour les succès de son mari, tout en étant d’une intelligence médiocre. Elle demanda des nouvelles de son frère Fernand, de sa belle-sœur Lucile et de leur fille Claire, devenue sa bru. Puis, toute la famille s’intéressa au dernier-né, Célestin, petit bonhomme de quinze jours, dont la femme de Marcel venait d’accoucher.

— Me voici une seconde fois arrière-grand-mère, monsieur Froment, fit remarquer Mme  Doloir. Georgette, Célestin, ah ! ça pousse… Mon cadet Jules a bien aussi un grand fils de douze ans, mais celui-là, Edmond, n’est que mon petit-fils. Ça me vieillit moins.

Elle se faisait aimable, elle continua, désireuse de racheter un peu sa raideur.

— Et, tenez ! monsieur Froment, nous avons l’air de n’être jamais d’accord, et il y a pourtant une chose dont il faut que je vous remercie, c’est de m’avoir presque forcée autrefois à faire de Jules un instituteur. Je ne voulais pas, car le métier alors ne paraissait guère tentant, et c’est vous qui vous êtes dévoué, qui avez donné des leçons à Jules, de manière que, maintenant, avant la quarantaine, le voilà avec une jolie situation.

Elle était devenue très fière de ce fils, qui venait de remplacer à Beaumont, dans une direction, Sébastien Milhomme, nommé directeur de l’École normale. L’institutrice qu’il avait épousée, Juliette Hochard, se trouvait