Page:Zola - Vérité.djvu/737

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Doloir apporta un briquet de fumeur, ramassé par lui entre deux pavés ; derrière l’école, en faisant remarquer que ce briquet pouvait être tombé de la poche du ravisseur et que François ne fumait pas. Un Savin répéta une conversation, entre deux vieilles dames, d’où il avait conclu qu’il fallait chercher le coupable parmi les connaissances de Marsoullier, celui-ci ayant eu la langue trop longue, devant certaines dévotes ses intimes. Mais, surtout, les sœurs Landois, qui tenaient le magasin de nouveautés de la Grand-Rue, se montrèrent très intelligentes et très actives. Elles étaient d’anciennes élèves de Mlle  Mazeline, comme, d’ailleurs, tous les passionnés de vérité, témoins volontaires, sortaient des mains des instituteurs laïques, Marc, Joulic ou Joseph. Les sœurs Landois avaient eu l’idée de rechercher sur leurs livres les noms des personnes auxquelles elles avaient vendu des mouchoirs, pareils à celui dont l’homme s’était vainement efforcé de faire un bâillon. Elles retrouvèrent parfaitement celui de François ; mais, au-dessous, à deux jours d’intervalle, elles relevèrent celui de Faustin Roudille, le frère de cette Colette avec laquelle François était parti. Et ce fut le petit indice, la première lueur d’où la lumière décisive devait naître.

Ce Faustin, justement, depuis quinze jours, se trouvait sans place. Maillebois, après s’être entendu avec les communes environnantes, venait enfin d’acheter le magnifique domaine de la Désirade, pour y installer un Palais du peuple, une maison de repos et de joie, un parc immense de promenade, ouverts à tous les travailleurs des environs, les petits et les humbles. Au lieu d’une congrégation installée, selon le rêve du père Crabot, en ces lieux de délices, sous ces ombrages royaux, parmi ces eaux ruisselantes et ces marbres éclatants, c’étaient les fiancés du peuple, les jeunes mères avec leurs nourrissons, les vieillards désireux de repos, qui se trouvaient là