Page:Zola - Vérité.djvu/744

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resta obscure, on en fut toujours réduit à des suppositions. Le frère et la sœur étaient-ils complices ? Colette avait-elle exécuté quelque complot en emmenant François, ou bien Faustin s’était-il simplement ingénié à tirer parti de la situation créée par cette fuite ? mais surtout avait-il derrière lui un supérieur, une intelligence et une volonté, ayant tout conçu, tout préparé, pour donner un suprême assaut à l’école laïque, en recommençant l’affaire Simon ? Ces diverses hypothèses étaient permises, les faits seuls demeuraient, et personne ne douta, en fin de compte, qu’il y avait eu entente mystérieuse et guet-apens.

Aussi quel soulagement pour Marc, lorsqu’il vit l’affaire classée, percée à jour, désormais inoffensive ! Ce recommencement des abominations anciennes, cette tentative dernière de salir l’école laïque, l’avait d’abord empli d’inquiétude. Et il n’en revenait pas, de la rapidité avec laquelle la saine raison publique avait fait son œuvre, en mettant la debout, éclatante. Les charges contre François étaient autrement graves que les charges d’autrefois contre Simon. Sa fille l’accusait, et elle aurait eu beau se rétracter, on aurait dit qu’elle cédait alors à la pression de la famille. Autrefois, pas un témoin, ni un Bongard, ni un Doloir, ni un Savin, ne se serait risqué à dire ce qu’il avait vu ou entendu, dans la terreur de se compromettre. Autrefois, jamais Marsoullier n’aurait soulagé sa conscience, d’abord parce qu’il n’en aurait pas senti le besoin, ensuite parce que toute une faction puissante se serait levée afin de le soutenir et de glorifier son mensonge. La congrégation était là, qui empoisonnait tout, qui faisait de l’erreur un dogme, un culte. Pour la bataille de Rome contre la libre pensée, elle utilisait sauvagement les partis politiques, les affolait, les jetait les uns contre les autres, dans l’espoir de quelque guerre civile, qui, en coupant la nation en deux, la