Page:Zola - Vérité.djvu/95

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Et, dès lors, ce fut réglé, on ne parla plus de l’affaire Simon, dans la petite maison de ces dames. On y évitait jusqu’à la moindre allusion pour éviter de pénibles querelles. Aux repas, on causait simplement du beau temps, comme à mille lieues de Maillebois, où soufflait une passion de plus en plus furieuse, une tempête de discussions telle, que de vieux amis de trente ans et des familles même se fâchaient, en arrivaient aux menaces et aux coups. Et Marc, si désintéressé, si muet chez les parents de Geneviève, était au dehors un des plus ardents, l’héroïque ouvrier de la vérité et de la justice.

Le soir de l’arrestation de Simon, il avait décidé la femme de celui-ci à se réfugier, avec ses enfants, près de son père et de sa mère, les Lehmann, les petits tailleurs qui habitaient une étroite maison noire de la rue du Trou. On était en vacances, l’école se trouvait fermée, et d’ailleurs l’instituteur adjoint Mignot restait, pour garder le bâtiment, tout entier à ses pêches matinales dans la Verpille, la rivière voisine. Mlle  Rouzaire elle-même, cette année-là, avait renoncé à son voyage habituel chez une tante éloignée, voulant être de l’affaire, où son témoignage devait avoir tant d’importance. Et Mme  Simon, laissant les meubles, pour qu’on ne crût pas à une fuite éperdue, à un aveu du crime, sans espoir de retour, avait donc emmené Joseph et Sarah, rue du Trou, avec une seule malle, comme si elle était allée