Page:Zolla - La greve les salaires et le contrat de travail.djvu/26

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elle avait encore irrité les intelligences éprises de la liberté idéale mise à la mode par les philosophes et les économistes. Les corporations évoquaient le souvenir des classes, des ordres des privilèges que la Révolution se proposait précisément de faire disparaître.

La haine des réglementations conduisit les révolutionnaires à haïr également les associations qui imposent des règles.

L’optimisme philosophique leur commandait d’admettre que l’homme né bon ne devait ses misères sociales qu’à une organisation défectueuse de la société et qu’il fallait briser tous les liens s’opposant à la pleine liberté du citoyen si l’on voulait assurer sa félicité. C’est en obéissant a ces tendances, à ces opinions si généralement acceptées, que les hommes de la Révolution ont proscrit l’association. Il n’y a rien là qui doive nous surprendre. Les Français du xxe siècle raisonnaient-ils autrement quand il prétendaient, naguère justifier la proscription des congrégations religieuses en soutenant qu’on devait — par respect de la liberté — interdire aux religieux de renoncer volontairement a en conserver l’exercice ?

Les législateurs révolutionnaires ont été des philosophes plus que des politiques ; leur confiance dans les vertus de la liberté était absolue : ils ont eu foi dans cette liberté considérée comme régulatrice souveraine des rapports établis entre les hommes, entre les employés et les employeurs notamment. Et cela encore ne doit pas nous