Page:Zolla - La greve les salaires et le contrat de travail.djvu/34

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veillance administrative. Les intentions réfléchies et nettement exprimées des hommes d’État du second Empire visaient une plus grande liberté obtenue par une action collective que la Révolution avilit entravée ou étouffée : action collective des capitaux groupés au moyen des initiatives individuelles ; action collectives des salariés abritant et multipliant la puissance individuelle grâce à la force de la coalition devenue un droit. Le gouvernement impérial reconnaît les dangers de l’individualisme révolutionnaire et semble répudier cette doctrine. Au dernier moment, il hésite. Le droit de coalition paraissait impliquer logiquement et nécessairement le droit d’association et de réunion. Napoléon III et ses ministres n’osent pas aller aussi loin dans la voie qu’ils ont, cependant, tracée et ouverte. Chose curieuse, ils se retranchent derrière la vieille théorie révolutionnaire qu’ils avaient combattue et repoussée pour autoriser la coalition ! C’est au nom de la liberté que M. Émile Ollivier maintient l’interdiction des associations professionnelles et du droit de réunion qui en est inséparable.

« L’association, dit-il, crée un intérêt collectif distinct de l’intérêt des associés ; la coalition donne simplement plus de force à l’intérêt individuel de chaque coalisé. L’association entre tous et un seul suscite l’être moral ; la coalition n’opère qu’un rapprochement fortuit entre des individus qui ne se fondent pas ensemble.

« Dans l’association, la majorité arrête dés résolutions qui lient ceux qui n’y ont pas pris