Page:Zorrilla - Don Juan Tenorio, trad. Curzon, 1899.djvu/162

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

DON GONZALO

Tu es vil jusque dans tes crimes.

DON JUAN

Vieillard, retiens ta langue, et m’écoute un seul instant.

DON GONZALO

Que peut-il y avoir dans ta langue, qui efface ce que ta main a écrit sur ce papier ? Aller surprendre, infâme ! la candide simplicité de qui ne pouvait prévenir le poison de pareilles lettres ! Verser dans son âme vierge, traîtreusement, le fiel dont regorge la tienne, vide de vertu et de foi ! Faire ainsi dessein de couvrir de boue la haute dignité de mon blason, comme s’il était un haillon qu’un marchand rejette ! Est-ce là, Tenorio, la valeur que tu exaltes ? Est-ce là cette audace proverbiale qui te fait craindre du vulgaire ? C’est avec les vieillards et les jeunes filles que tu la montres ?… Et pour quoi ? Vive Dieu ! Pour venir ainsi leur lécher les pieds et te montrer dépourvu en même temps de valeur et d’honneur.

DON JUAN

Commandeur !…

DON GONZALO

Misérable ! Tu as ravi ma fille Inès de son couvent : moi je viens chercher ta vie ou mon bien.