De toute sa volonté, durant ces dernières années et dans ses dernières œuvres, Verhaeren tend à réaliser le poème cosmique. Par la trilogie des villes, il s’est emparé du monde extérieur, tel qu’il s’offre actuellement à nous : il l’a attiré à lui et s’en est rendu le dominateur. Dans des visions passionnées, il avait tracé l’image de ce monde, il avait conquis toutes ses formes ; il s’en était emparé pour en faire un monde à lui et le dresser en face du monde véritable. Mais lorsque le poète veut se créer tout un univers, et le concevoir dans ses possibilités comme dans ses réalités, il ne peut se contenter d’en façonner la forme et d’en imaginer la figure, il faut encore qu’il lui insuffle une âme, qu’il lui donne un organisme, qu’il lui trouve une origine et lui assigne un développement. Il ne suffit pas qu’il en comprenne le côté pittoresque et le mécanisme énergétique : il en doit faire une complète encyclopédie. Il faut qu’il lui crée une mythologie, une dynamique nouvelle, une nouvelle morale, une nouvelle éthique et une nouvelle histoire. Au-dessus de ce monde, ou dans ce monde, il placera un Dieu, agissant sur ses variations. Et la description de ce monde ne s’arrêtera pas au présent, mais elle embras-