Page:Zweig - Émile Verhaeren, sa vie, son œuvre.djvu/250

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dans l’isolement, que tout est soumis à l’ordre d’une loi unique et universelle, le poète s’élève à une connaissance supérieure : la foi. Au-dessus de l’observation cosmique, il atteint le sentiment cosmique. La conclusion de ces œuvres se résout en un magnifique optimisme, en une confiance religieuse qui proclame que tous les organismes seront réglés, que l’homme de plus en plus prendra conscience de la terre, et que chacun saura découvrir en soi-même la loi cosmique qui lui permettra de tout saisir dans le lyrisme, l’enthousiasme et la joie.

Ici, la poésie de Verhaeren dépasse infiniment les bornes de la littérature. C’est de la philosophie : c’est même de la religion. De tout temps et dès l’origine, Verhaeren fit preuve d’un esprit éminemment religieux. Durant son enfance, c’est le catholicisme qui lui inspira le sentiment le plus profondément vital ; la communion fut l’acte le plus sacré de son existence :

Oh ! comme alors mon âme était anéantie
Dans la douceur et la ferveur !
Comme je me jugeais pauvre et indigne
De m’en aller si près de Dieu !
Comme mon cœur était doux et pieux
Et rayonnant parmi les grappes de sa vigne !
Je me cachais pour sangloter d’amour ;