Page:Zweig - Émile Verhaeren, sa vie, son œuvre.djvu/254

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du monde. Un mathématicien sera tout naturellement conduit à créer une certaine harmonie, une certaine loi de constance, entre les rapports de toutes les valeurs du Cosmos. Verhaeren, poète lyrique, anime de son lyrisme toutes les forces de l’univers. Ne disons pas qu’il s’est limité à la poésie. Bien au contraire, il en a brisé les cadres étroits, il a vivifié toutes les formes littéraires, au souffle ardent de son inspiration. Dans toute son œuvre, on ne peut citer qu’un ouvrage qui soit écrit en prose. C’est un petit recueil de nouvelles, qui date de ses débuts, et qu’on ne trouve plus en librairie. Verhaeren le considérait, d’ailleurs, comme un essai : il n’avait pas encore trouvé sa formule définitive ; nous en avons la preuve, puisque lui-même mit plus tard en vers l’une des nouvelles de ce recueil, l’histoire du sonneur dans la tour brûlante. Je citerais maints poèmes de lui, qui, à vrai dire, ne sont pas autre chose que des nouvelles, et d’autres où l’on suit une intrigue, le jeu d’une action dramatique et d’où la poésie paraît absente ; mais en tous on sent vibrer un sentiment poétique, tous sont lyriquement conçus. Son enthousiasme éclate même dans sa critique artistique et dans cet