Page:Zweig - Émile Verhaeren, sa vie, son œuvre.djvu/275

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marche inconsciemment vers ce but unique : l’indépendance qui la rendra maîtresse de ses destinées.

L’homme dans l’univers n’a qu’un maître, lui-même,
Et l’univers entier est ce maître, dans lui.[1]

Aujourd’hui encore, nous sommes à la merci du sort, d’aucuns diront de la Divinité. Triompher du sort, et substituer à ses caprices la loi de notre volonté propre, voilà le grand effort qui s’impose à nous dans l’avenir. Déjà nous avons remporté quelques victoires. Nous avons détourné la foudre, la force céleste la plus redoutable ; nous avons supprimé les distances, nous avons transformé les énergies naturelles, et, grâce aux mutualités, nous avons conjuré les fléaux de la nature. Chaque année est marquée par un progrès nouveau dans l’étude et dans le traitement des maladies ; et des éléments qui échappaient à toute prévision se soumettent aux calculs de la science.

Mais cet inconnu doit être de plus en plus la proie de l’homme, qui s’efforce de « fouiller l’inconnu[2] ». Le regard humain pénètre tou-

  1. « Les Villes » (les Forces tumultueuses).
  2. « La Ferveur » (la Multiple Splendeur).