Page:Zweig - Émile Verhaeren, sa vie, son œuvre.djvu/315

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

voulait aimer, Adam voulait connaître[1]. » Cette idée, Verhaeren l’a exprimée avec plus de vigueur encore dans son poème de jeunesse : les Forts.

Les forts montent la vie ainsi qu’un escalier,
Sans voir d’abord que les femmes sur leurs passages
Tendent vers eux leurs seins, leurs fronts et leurs visages.[2]

Indifférents aux séductions de l’amour, les hommes vraiment énergiques et supérieurs s’élèvent vers le ciel, vers les connaissances intellectuelles ; ils cueillent les fruits des étoiles et des comètes : et ce n’est qu’au retour, après avoir battu les sentiers solitaires, qu’ils s’arrêtent près des femmes, pour déposer entre leurs mains les mystères de l’univers. Ce n’est pas dans la jeunesse, mais à l’âge viril et dans la pleine maturité de l’esprit, que la femme peut devenir le but véritable de la vie. Aussi est-il curieux de constater que ce sonnet où Verhaeren entrevoit son destin est une œuvre de jeunesse.

Car l’image des femmes ne l’a pas arrêté ni

  1. « Le Paradis » (les Rythmes souverains).
  2. « Hommage » (les Bords de la route).