Page:Zweig - Émile Verhaeren, sa vie, son œuvre.djvu/40

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aujourd’hui le plus beau symbole du combat de la lumière contre l’obscurité, de la vitalité contre le renoncement. C’est une page immortelle dans la littérature de tous les pays et de tous les temps : c’est une véritable épopée nationale. Cet ouvrage de large envolée marque le début de la littérature belge, tout comme l’Iliade, avec ses héroïques combats, ouvre magnifiquement l’histoire des lettres grecques. À cet écrivain mort prématurément succéda Camille Lemonnier, qui recueillit la lourde tâche et le triste héritage des premiers combattants : l’ingratitude et la désillusion. C’est encore un héros que ce fier et noble caractère. Soldat du premier au dernier jour, il a lutté sans trêve, depuis quarante ans, pour la grandeur de la Belgique ; il a écrit livre sur livre, créé, travaillé, jeté des appels, renversé des barrières. Il n’a point connu le repos jusqu’à ce que Paris et l’Europe n’attachassent plus au qualificatif « belge » la signification dédaigneuse de « provincial », jusqu’à ce qu’il devînt enfin, comme jadis le nom de gueux, d’un vocable honteux, un véritable titre d’honneur. Intrépide, jamais découragé par l’insuccès, cet homme merveilleux a chanté son pays, les champs, les mines, les villes, ses com-