Page:Zweig - Émile Verhaeren, sa vie, son œuvre.djvu/44

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aboutir tous les chemins, mais d’où partent aussi ces mêmes chemins…

Dans cette phalange nombreuse, chacun, de son point de vue, avait tracé l’aspect qui lui convenait de sa patrie. Mais voici qu’arriva le plus grand entre tous, Verhaeren, qui eut, lui, la vision, le sentiment, l’amour de « toute la Flandre ». Pour la première fois dans son œuvre, la Flandre fut vraiment unifiée. Il a chanté tout d’elle : la terre et la mer, les villes et les fabriques, les cités mortes et celles qui naissent à l’existence. Il a eu le sentiment très vif que cette Flandre n’était pas une simple province, mais bien le cœur de l’Europe. Sous son impulsion, comme un échange de sang vigoureux s’est fait entre elle et les nations. Il a découvert qu’un horizon s’étendait au delà des frontières. Tous ces particularismes, si longtemps exaltés, il les a mis et fondus dans un même enthousiasme, jusqu’à en faire surgir une œuvre bien vivante : l’épopée lyrique de l’univers flamand. Cette unité et cette beauté que, voilà cinquante années, De Coster ne savait reconnaître dans le présent, cet héroïsme qu’il cherchait dans le passé, Verhaeren les a réalisés dans la Belgique vivante, dans la Belgique d’aujour-