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VI

mais toujours l'ombre fraîche des anciens jours se reflétait sur mes heures lourdes et m'apportait le souvenir de nos désirs de jeunesse comme un reconfort d'espérance, et je t'associais ainsi à mes émotions les meilleures. Dans tes livres, qui ont ému bien des cœurs, d'autres que moi ont senti les admirables dons de V évocateur et de l'artiste : nul mieux que moi ne sait ton fond d'âme, abondant et limpide, d'où sortiront encore des œuvres harmonieuses, car tu nous apprendras que le malheur, qui a multiplié autour de toi ses coups si brusques, peut briser en nous certaines fibres profondes, mais n'entame pas notre courage devant la vie qui continue et qui nous domine. Qu'il me soit permis d'offrir ce livre ànotre amitié, car je veux me donner la joie et l'honneur de mettre ton nom devant ces pages où j'essaye de décrire une âme infiniment pure qui enseigne la sagesse en montrant comment il faut souffrir, comment il faut aimer.

E. Zyromski.

Campan, septembre 1907.