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LA NATL'UE KT LA JUSTICE 4 77

lences et de mes injustices; pourtant j'ai paru violente pour que tu pratiques la douceur; j'ai été injuste pour que tu puisses te hausser vers la justice; j'ai supporté mes souffrances pour éla- borer lentement, selon les lois du progrès qui sont les lois de la vie, les conditions et les élé- ments de ta morale. Mon labeur séculaire t'a apporté tous tes motifs de triomphe. Si tu crois en un Dieu providentiel et si ce Dieu existe, est-ce ma faute si le long- cri d'angoisse poussé par les êtres n'a pas ému sa pitié? Si tu crois en un Dieu juste, et si ce Dieu existe, est-ce ma faute si 1rs injustices qui t'indignent condamnent sa bonté, sa justice et sa prévoyance? Si tu crois en lui, adresse-toi à lui et attends sa réponse. Pour moi, j'ai agi conformément à ma loi, qui est la loi de la vie et de l'évolution. Tout progrès néces- site un effort et tout effort est un combat : voilà ce que tu dois savoir, si tu veux rester courageux et lucide. Tous mes efforts ont amené d'inévitables batailles pour aboutir à tes privilèges, dont tu serais moins orgueilleux si tu savais remonter à tes origines et comprendre le prix dont ils furent payés, A travers des souffrances infinies comme la douleur imméritée, j'ai atteint peu à peu ces

MM. IV pnVDHOMME.

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