Page:Zyromski - Sully Prudhomme, 1907.djvu/240

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

226 SULLY PRUDHOMME

accablé par la recherche. Faust a connu les ivresses de l'amour, de même que Faustus a traversé la région des enchantements ; mais Faustus et Faust ont senti l'usure des songes, et Gcethe enfin, comme Sully, a trouvé le repos quand il est sorti de lui- même pour répandre sur le monde l'harmonie de sa pensée. L'accent de ces deux œuvres semble d'abord différent : Sully déclare que le secret du bonheur est dans le don de soi, et Gœthe avertit que la condition du bonheur est dans la faculté de comprendre; Faustus reconnaît que le bonheur est le triomphe de la volonté dans le sacrifice, et Faust conclut que le bonheur est la conquête de la pensée qui observe, met chaque chose à son plan, et domine. Mais ces deux leçons, loin de se contredire, se fortifient et se complètent : Faustus sait bien que le sacrifice est la forme ardente de la compréhension, et Gœthe n'ignore pas que la pensée ne contemple et ne domine qu'après s'être donnée. Ainsi le poème de Sully et le drame de Gœthe se mêlent en nous et s'illuminent des mutuels reflets de leurs pensées fraternelles.

Il semble enfin que l'inspiration du Bonheur retrouve, sur les sommets de l'art, les plus nobles désirs de Wagner. Dans YŒuvred'Arl de l'A venir