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L'ART PARNASSIEN 41

vers le rcve éperdu d'un fantôme. Il éprouve une mélancolie sans bornes en suivant a le tourbillon sans lin des apparences vaines », et il proclame, devant le sourire et la force des choses, le triomphe final de la mort :

Et d'heure en heure aussi vous vous engloutirez, i) tourbillonnements d'étoiles éperdues, Dans l'incommensurable effroi des étendues, Dans les gouffres muets el noirs des cieux sacrés!

(Poèmes Barbares. Dernière vision.)

L'histoire, sombre récit des avortements humains, lui apparaît comme une immense nécropole, jonchée de ruines. Les religions suc- c< ssives font entendre un bruit de chute, où retentissent les lamentations de l'humanité tou- jours croyante et toujours déçue, et le poète évoque les dieux ensevelis dans le cœur de l'homme comme des cadavres au fond des tom- beaux :

C'est dans ton propre cœur qu'est le charnier divin.

Là son) tous tes dieux morts, anciens songes de L'homme

Qu'il a conçus, créés, adorés el maudits,

Évoqués tour à tour par la voix qui tes nomme

Avec leurs vieux enfers el leurs vieux paradis.

... Regarde-les passer, ces spectrales imagi -

De peur, d'espoir, de haine el de mystique amour,

A qui a'importenl plus te foi ni tes hommages,

Mais qui te hanteront jusques au dernier jour.

i La Paix des Dieux.)