Aller au contenu

Page:Zyromski - Sully Prudhomme, 1907.djvu/62

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

48 SULLY PRUD HOMME

prête d'une religion et d'un culte : La religion de la Beauté et le culte de l'Art. En effet cette évoca- tion du passé, ce chant lyrique de la mort sur les ruines de la vie, ce déploiement d'une impassibi- lité ardente et dominatrice réclament une maî- trise incomparable.. Ainsi ces grands artistes proclamèrent la force immarcessible de l'art, et le caractère intangible de ses créations. Tout passe, une seule chose demeure : la beauté de l'art. Tout se déforme, une seule chose échappe à l'usure : la plénitude d'une forme arrêtée par un art impec- cable. La mort est plus forte que la vie, mais l'art est plus fort que la mort. Dans ses Émaux et Camées, Théophile Gautier chante la splendeur des vers « souverains » qui demeurent éternelle- ment. Dans les Fleurs du Mal, Baudelaire oublia la nature fatiguée par les admirations des hommes pour évoquer une nature de songe et de cauchemar où l'artifice triomphe de la banalité quotidienne. Leconte de Lisle déplore la vanité des conceptions humaines, mais il proclame l'éternité de l'art et de la beauté. Hérédia et Flaubert ont vaincu la mélancolie et le désabuse- raient par les sortilèges des mots éclatants et har- monieux. Ainsi au sommet du Parnasse, de la