Page:Œuvres complètes de Maximilien de Robespierre, tome 1.djvu/153

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que répugnance qu’un Écrivain honnête doive éprouver à louer un homme en place ; il est toujours permis au Citoyen de célébrer les protecteurs des Arts utiles à l’humanité.

Je ne quitterai point cette matière, sans rappeller un trait, qui me paroît également honorable à l’Académie et à Gresset. Cette Compagnie voulant lui donner un témoignage éclatant de son estime pour ses talens et de sa reconnoissance pour les obligations qu’elle avoit à son zèle, le nomma Président perpétuel de l’Académie.

Gresset se montra digne de cette distinction en la refusant ; et sa conduite prouva sa justice et son estime pour la Compagnie dont il étoit membre, autant que sa modestie. Il pensa que la Dictature ne convenoit pas à la constitution d’une république littéraire, et il se seroit fait un scrupule d’accepter un titre de prééminence sur ceux dont il s’honoroit d’être l’égal.

Au défaut de cette pérogative, il lui restoit ses talens et sa gloire. Les distinctions et les récompenses sembloient le chercher dans sa retraite, à proportion du peu d’empressement qu’il montroit pour elles ; aux marques d’estime dont le roi de Prusse l’avoit comblé, notre auguste Monarque daigna joindre les preuves les plus frappantes de sa bienveillance et de sa faveur.

Ce fut sans doute, un jour de triomphe pour les Lettres, que celui où M. d’Agui[1], Intendant de Picardie, dans une assemblée publique de l’Académie d’Amiens, fit solemnellement la lecture des Lettres de noblesse dont LOUIS XVI venoit d’honorer Gresset.

Cette grâce, l’une des premières que ce Monarque ait accordées, n’étoit pas un des traits les moins dignes de signaler le commencement d’un règne sur lequel la Nation fondoit de si douces espérances. Quel heureux présage pour les peuples, de voir le jeune Prince qui alloit faire leur destin, du haut du Trône où il venoit de monter, jetter, pour

  1. Sic. Lire d’Agai.