Page:Œuvres complètes de Maximilien de Robespierre, tome 1.djvu/63

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

arrachera la grace du coupable ; mais dans le moment même où son cœur combattu la laissera échapper, il sera forcé de gémir sur la bizarrerie d’un peuple frivole, dont les préjugés font violence à la juste sévérité des Loix et ébranlent les principes salutaires qui sont la base de l’ordre public.


TROISIÈME PARTIE


Ce que je viens de dire, Messieurs, me paroît suffisant, pour mettre tous les esprits à portée de décider si le préjugé dont il est question est plus nuisible qu’utile à la Société.

J’ai fait voir que ses prétendus avantages sont chimériques et nuls, son injustice extrême et ses inconvéniens affreux.

C’est dire assez, que nous devons réunir toutes nos forces pour le détruire : mais la manière dont vous avez posé la question qui me reste à discuter, m’a paru mériter une attention particulière.

Quels sont, demandez-vous, les moyens de détruire le préjugé, ou de parer aux inconvéniens qui en résultent, si l’on jugeoit qu’il fût nécessaire de le conserver en partie ?

Cet énoncé nous invitoit à examiner si le préjugé restreint dans certaines bornes, ne pouvoit pas produire quelques bons effets, et s’il ne seroit pas encore plus utile de le modérer que de l’anéantir entièrement. Cette marche convenoit sans doute à la sagesse d’une Compagnie savante, qui cherchant à éclaircir une question importante au bien public, se proposoit d’engager les Gens de Lettres à examiner un si grand sujet sous toutes les faces, et à le discuter avec toute l’exactitude et toute la profondeur qu’il demande.

Pour moi l’idée que je me suis formée de l’abus dont je parle, ne me permet pas d’admettre ici aucun tempérament, et mes principes me conduisent directement à la destruction totale du préjugé.

Je sais qu’il est chez tous les hommes, comme je l’ai observé dans la première Partie de ce Discours, un sentiment équitable et naturel, qui fait dépendre jusqu’à un certain point la considération attachée à une famille, du mérite ou des vices de chacun de ses membres. Cette manière de penser, commune à toutes les Nations, est bonne, raisonnable, utile à la Société ; mais encore