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ŒUVRES

senne s’adresse au cy devant Président Pascal : « Monsieur, dit-il, je crois que tous les sçavans approuveront le dessein que j’ay d’imiter les Anciens, qui ont dédié leurs œuvres à ceux qui en avoient une parfaite cognoissance, en vous presentant ce Traité de l’Orgue, l’une des plus admirables machines Pneumatiques qui furent jamais inventées. Car, soit que l’on considere la Pratique des Mechaniques, ou leurs Raisons, & particulièrement celles de l’Harmonie, il seroit tres-difficile de trouver un homme qui les entende mieux que vous : & peut-estre qu’il n’y en a point de si scavant, qui ne tint à faveur d’apprendre ce que vous avez médité sur ce sujet. C’est, Monsieur, ce qui m’a fait résoudre de vous offrir ce livvre, tant pour temoisgner à la postérité l’estime que je fais de voſtre très-profonde érudition en toutes les parties des Mathématiques, & particulièrement dans celle-cy, & de vos vertus tres-singulieres, que pour vous adresser la requeste de tous les honnestes hommes qui ayment cet Art, lesquels désirent que vous leur en donniez les règles, & que vous leur en expliquiez tous les charmes & et les secrets. J’espère que les rares expériences que vous rencontrerez dans ce livre vous convieront à en rechercher les raisons… C’est pourquoy j’ose promettre à tous ceux qui chérissent les Muses que vous mettrés bientost la dernière main à cette partie de la Philosophie, afin qu’elle ne craigne plus désormais de paroistre devant les plus sçavans dans la compagnie des autres sciences, & qu’elle confesse hautement qu’elle vous est plus obligée qu’à nul autre, à raison du mariage tres excellent que vous avez fait de la Pratique avec la Théorie. »

Le témoignage de Mersenne est à retenir. On le rapprochera de la lettre à Fermat, reproduite ci-dessous, où Etienne Pascal et Roberval revendiquent une place pour l’expérience à côté de la spéculation a priori.

Depuis les travaux de Kepler, qui avait mis en faveur