Page:Œuvres de Blaise Pascal, II.djvu/218

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

2^2 OEUVRES

��non pas au poids de l'air extérieur, comme il faisoit dans sa lettre.

Et pour faire succinctement un petit examen du livre, le titre promet d'abord la desmonstra- tion du plein par des expériences nouvelles, et sa confirmation par les miennes. A l'entrée du livre, il s'érige en défenseur de la nature, et par une allégorie peut estre un peu trop continuée, il fait un procez

��dessus l'air et tous les autres éléments: c'est pourquoy, ny estant iamais dans le monde, il est tousjours dans l'essai et dans l'effort de monter, et monte aussi tost qu'il trouve place abandonnée par quel- que corps plus voisin du ciel, ou poussé par V^Ether mesme, ou par quelque autre corps, ou meu par son principe intérieur. Quand il prend de soy une place viiide et voisine, à costé ou embas, c'est tous- jours pour monter, et ne le fait qu'étant empesché de son droit che- min. En quelque part qu'il aille, porté de sa légèreté, il pousse les autres ; et, s'il n'est pas assez fort pour les pousser et prendre leurs places, et les contraindre à prendre celle qu'il leur quitteroit, il ne bouge. De mesme le vif-argent ne descend point qu'il ne contraigne un autre à prendre sa place ; et, s'il ne peut, il demeure. Voilà jus- tement Testât où sont V^ther et le vif-argent, quand ny l'un ny l'autre n'a la force de contraindre son voisin, le poussant à prendre sa place. UJEther, enfermé dans le tuyau, ne peut monter par la lé- gèreté mouvante qu'il ne prenne la place de l'air supérieur son voisin. Cet air supérieur ne quitte point sa place qu'en prenant celle qu'un autre abandonne ; cette place est le bas, c'est-à-dire vers celle que \\¥Aher quitte : si donc l'air ne peut prendre place vers celle que quitteroit le vif-argent, VjEther demeure, et le vif-argent ne l'arreste que par sa pesanteur effective, qui ne donne point de place à l'air qui la devroit prendre, au cas qu'il fust poussé de la sienne par VJEther, changeant de place par sa légèreté mouvante. Si d'ailleurs le vif- argent n'est pas assez fort pour pousser VjEther dans le tube, la place estant occupée par celuy qui est dedans et ne la quitte point, il de- meurera, non pas arresté par sa pesanteur, mais par la légèreté mou- vante de VjEther conservant sa place, n'en ayant point d'autre pour monter, et n'estant pas contraint de descendre par la pulsion du vif- argent. »(p. 3o-3a).

�� �