Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 4, 1838.djvu/94

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— Non, rien que le cri du hibou, » répondit la jeune fille avec crainte.

« J’ai entendu, j’ai cru entendre un bruit éloigné, dit Éveline. Écoutez, je l’entends encore. Rose, regardez du haut des créneaux tandis que j’éveillerai le moine et votre père.

— Ma chère maîtresse, dit la jeune fille, en vérité je n’ose. Quel peut être ce bruit qui n’est entendu que de vous ? Le murmure de la rivière cause toute votre erreur.

— Je ne voudrais pas troubler le château, » dit Éveline après un moment de silence, « ni même interrompre, sur un simple soupçon, le sommeil dont ton père a tant de besoin. Mais écoute, je l’entends encore ; et il me semble bien différent de celui des eaux. Le son que je distingue est tremblant, et semble se mêler avec un tintement semblable à celui que produisent les armuriers ou les serruriers en frappant sur leurs enclumes. »

Sur ces entrefaites. Rose était montée au-dessus des créneaux, et rejetant en arrière les tresses de ses beaux cheveux, elle avait mis une de ses mains derrière son oreille afin de recueillir le son éloigné. « Je l’entends, s’écria-t-elle, et il augmente sensiblement ; au nom du ciel, éveillez-les sans plus attendre ! »

Éveline s’empressa de pousser les dormeurs du bois de sa lance, et comme ils se relevaient à la hâte, elle leur dit à voix basse et avec prudence : « Aux armes, les Gallois nous attaquent ! »

— Qui ! s’écria Flammock ; les Gallois ! où sont-ils ?

— Prêtez l’oreille, et vous les entendrez préparer leurs armes, répondit Éveline.

— Milady, ce bruit est purement imaginaire, » dit le Flamand, dont les organes étaient aussi lourds que le caractère ; « je voudrais ne pas m’être endormi, puisque je devais être sitôt éveillé.

— Mais écoutez, bon Flammock, le bruit que j’entends vient du nord-est.

— Les Gallois ne sont pas campés de ce côté, milady, dit Wilkin ; et ils ne portent pas d’armures.

— Je l’entends, je l’entends, » s’écria le moine qui écoutait depuis son réveil. « Gloire pour toujours à saint Benoît. Notre-Dame de Garde-Douloureuse a eu pitié de ses serviteurs. Certes ce sont des pas de chevaux, je distingue un froissement d’armures, les chevaliers des frontières viennent à notre secours ; kyrie eleison ! »

— J’entends aussi quelque chose, dit Flammock, semblable