Panthéon égyptien/23

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Panthéon égyptien, collection des personnages mythologiques de l'ancienne Égypte, d'après les monuments
Firmin Didot (p. 49-50).

PHTHA ou PTHA.

(phtha, héphaistus, vulcain.)
Planche 9

Ce personnage occupait la troisième place dans la nombreuse série des divinités de l’Égypte ; les Grecs, en l’assimilant à leur Héphaistos, le Vulcain des Romains, ont singulièrement rabaissé et son rang et son importance ; ils ont réduit les hautes fonctions de ce grand être cosmogonique à celles d’un simple ouvrier.

Telle ne fut point l’opinion des Égyptiens sur leur Phtha ; selon leurs mythes sacrés, la puissance démiurgique, l’esprit de l’Univers, Cnèph ou Cnouphis, avait produit un ouf de sa bouche, et il en était sorti un dieu qui portait le nom de Phtha[1]. Cet œuf était la matière dont se compose le monde visible ; il contenait l’agent, l’ouvrier qui devait en coordonner et en régulariser les diverses parties ; et Phtha est l’esprit créateur actif, l’intelligence divine qui, dès l’origine des choses, entra en action pour accomplir l’Univers, en toute vérité et avec un art suprême[2].

L’image du dieu Phtha est habituellement sculptée, sur les bas-reliefs, à la suite d’Amon-Cnouphis son père ; le grand Démiurge se montre en effet presque toujours accompagné de deux autres personnages divins ; d’abord de la déesse Néith sa première émanation, et, de plus, d’un dieu dont le corps est serré dans un vêtement très-étroit, qui l’enveloppe depuis le cou jusque sous la plante des pieds, et ne donne un libre passage qu’aux deux mains seulement. La tête de ce personnage mâle est couverte d’une coiffure très-simple, qui se modèle sur tout son contour ; ses mains tiennent le sceptre ordinaire des dieux bienfaisants, combiné, 1o avec cette espèce d’autel gradué à quatre corniches, qu’on nomme un nilomètre, et qui, dans l’écriture hiéroglyphique, est le symbole de la coordination ; 2o avec la croix ansée, emblême de la vie divine. Ses chairs sont toujours peintes en vert ; enfin, la légende hiéroglyphique[3][4] qui accompagne ce personnage, nous apprend que c’est là l’image du dieu Phtha. Les trois premiers signes sont phonétiques, représentant les lettres coptes Ⲡⲧϩ ou Ⲫⲧϩ, et se prononçaient Ptah ou Phtah selon les dialectes[3]. Les légendes 3 et 4 ne diffèrent que par les attributs ajoutés au caractère symbolique final Dieu, qui, par ces additions, devient purement représentatif. Le no 5 est hiératique.

Les Égyptiens qui voulaient rattacher l’histoire de la Terre à celle des cieux, disaient que Phtha avait été le premier de leurs dynastes ; mais que la durée de son règne ne saurait être fixée. Les pharaons lui avaient consacré leur ville royale, Memphis, la seconde capitale de l’empire ; ainsi, les quatre principales villes de l’Égypte, Thèbes, Memphis, Saïs et Héliopolis, étaient chacune sous la protection spéciale de l’une des quatre grandes divinités, Amon-Cnouphis, Phtah, Néith et Phré. Le magnifique temple de Phtah à Memphis, où se faisait l’inauguration des rois, a été décrit, en partie, par Hérodote et par Strabon ; les plus illustres d’entre les pharaons le décorèrent de portiques et de colosses.

L’être auquel on attribuait l’organisation du monde, devait nécessairement le connaître à fond, ainsi que les lois et les conditions de son bien-être et de son existence ; aussi les prêtres Égyptiens regardaient-ils Phtha comme l’inventeur de la philosophie[4], bien différents, en cela, des Grecs, qui ne citaient de leur Héphaistos que des œuvres matérielles et purement mécaniques.

Phtha est représenté sur notre planche, dans une chapelle richement décorée ; les monuments le montrent, pour l’ordinaire, renfermé dans une construction de ce genre ; ici, il est appuyé sur un grand nilomètre, son emblême spécial, et ce signe est celui de la stabilité.


Notes
  1. Eusèbe, Préparat. Évangel., liv. III, chap. 11.
  2. Iamblique, de Mysteris, sect. VIII, cap. 8.
  3. a et b Ce nom divin est en effet écrit Ⲡⲧⲇϩ dans les textes coptes thébains.
  4. a et b Diogène Laerce, De vitis Philos., Proæmium.

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