Panthéon égyptien/42

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Panthéon égyptien, collection des personnages mythologiques de l'ancienne Égypte, d'après les monuments
Firmin Didot (p. 93-94).

ATHÔR ou HATHÔR.

(athôr, athyr, atar, aphrodite, vénus.)
Planche 17 (B)

L’une des formes les plus habituelles d’Athôr, dans les peintures et bas-reliefs d’ancien style égyptien, est celle que reproduit la planche ci-jointe. Cette figure est tirée d’une grande scène sculptée et peinte dans le tombeau du pharaon Ouserei-Akenchérès Ier, douzième roi de la XVIIIe dynastie diospolitaine, monument magnifique découvert à Thèbes par le célèbre Belzoni. Ce tableau, gravé sur l’épaisseur d’une des portes de ce vaste hypogée, représente, de proportion naturelle, la déesse Athôr accueillant avec affection le monarque défunt qui, sur plusieurs autres points de la catacombe, présente diverses offrandes à cette divinité, et en reçoit, en retour, le signe de la vie céleste.

Dans ces diverses sculptures, la tête de la déesse est surmontée d’un disque de couleur rouge, soutenu par deux cornes de vache peintes en noir. Un uræus, ou serpent royal, est suspendu au disque. Mais ces emblèmes n’appartenaient point spécialement à Athôr ; on les reconnaît aussi sur la tête d’Isis, de Selk, ils sont même placés quelquefois au-dessus de la coiffure de la grande mère divine Néith : d’où il semble résulter que, comme le vautour, le disque et les cornes de vache sont des insignes exprimant une qualité générale, une attribution commune à plusieurs déesses égyptiennes à la fois. On s’exposerait donc à de graves erreurs, en considérant certains attributs comme trop exclusivement propres à certaines divinités. Aussi est-il arrivé qu’on a souvent donné, sans raison, le nom d’Isis à des images de toute autre déesse, ou de reines mortelles empruntant les coiffures divines, par cela seul qu’on retrouvait, parmi leurs ornements, le disque soutenu sur deux cornes de vache. La légende hiéroglyphique inscrite à côté de ces images, peut seule, en cette occasion, donner une pleine certitude sur le personnage figuré. L’inscription qui accompagne la déesse gravée sur notre planche 17 (B), ne permet point de douter que ce ne soit là une véritable représentation de la fille du Soleil, de l’épouse de Phtha : elle porte en effet Hathôr rectrice de la région supérieure du monde[1].

Un diadème ceint le front de cette divinité, dont les cheveux nattés sont contenus par une bandelette de couleur rouge ; de riches uræus sont suspendus à ses oreilles ; et au collier, orné d’émaux, tient un appendice qui retombe derrière les épaules de la déesse ; sur cet ornement, terminé par une fleur épanouie, est inscrit, dans le bas-relief original, le prénom royal du pharaon Ousirei, suivi du titre ϩⲁⲑⲱⲣⲙⲁⲓ, chéri d’Athôr. Deux bretelles émaillées soutiennent la tunique de couleur gris de perle, de forme ordinaire, mais dont les ornements présentent une particularité très curieuse. Les losanges dont elle est coupée dans l’original figurent, selon toute apparence, un de ces filets en émaux variés, qui recouvrent les tuniques des déesses et des reines dans les scènes peintes ou sculptées en grand. L’intérieur de chaque losange renferme un petit groupe de signes hiéroglyphiques ; et chaque ligne horizontale de losanges contient un même groupe de caractères. Mais si l’on interprète ces mêmes losanges en les lisant perpendiculairement, ils renferment, d’après un dessin malheureusement peu soigné dans les détails, et placé dans l’Atlas du voyage de Belzoni[2], les louanges du pharaon, louanges que la déesse Athyr est censée prononcer en l’accueillant dans la région divine. Cette singulière inscription se divise en deux parties, et renferme les idées suivantes : « Dieu bienfaisant Ré-saté-mé (prénom du roi), nous t’avons donné la domination et une vie heureuse et éternelle, toi, fils du Soleil et des dieux, Ousirei, serviteur de Phtha, vivificateur pour toujours. »

« Dieu bienfaisant Ré-saté-mé, nous t’avons donné la domination sur les années des panégyries, toi, fils du Soleil, chéri des dieux seigneurs, serviteur de Phtha, vivificateur comme le Soleil éternel, dieu bienfaisant, chéri du maître du monde pour toujours. »

Nous ne savons encore comment caractériser l’espèce d’ornement attaché au collier que la déesse tient de sa main droite et semble montrer au pharaon un ornement semblable est fixé au cou du Dieu-Lune[3].


Notes
  1. Voyages, Recherches et Découvertes de G. Belzoni ; atlas, pl. 18.
  2. Idem.
  3. Voyez notre planche 14 (D).

——— Planche 17 (B) ———