Panthéon égyptien/64

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Panthéon égyptien, collection des personnages mythologiques de l'ancienne Égypte, d'après les monuments
Firmin Didot (p. 135-142).

ATMOU, OTMOU, TMOU.

(héron.)
Planches 26, 26 (A), 26 (B), 26 (C)

Malgré les profondes recherches et la vaste érudition de P. E. Jablonsky, le siècle dernier ne put se former une idée claire du système religieux de l’ancienne Égypte. Ce savant avait pris pour guides les écrivains grecs et latins qui parlaient, occasionnellement, des mythes sacrés et des croyances jadis en vigueur dans les sanctuaires de Thèbes et de Memphis. Il crut possible, avec le seul secours des notions rares, partielles, et isolées les unes des autres, que fournissent ces auteurs, de recomposer un tableau complet de la théogonie égyptienne. Mais sans noter ici les erreurs commises, soit dans le rang assigné à certaines divinités, soit dans leur ordre généalogique, ou même en déterminant leurs attributions spéciales, nous remarquerons surtout que les monuments égyptiens font connaître une foule de personnages mythologiques et présentent une nombreuse série de noms divins dont on chercherait vainement la trace dans les écrivains classiques : cette observation s’applique très-particulièrement au dieu représenté sur les planches 26, 26 (A), 26 (B), 26 (C) de ce recueil.

Que ce personnage ait occupé un rang distingué dans le panthéon de l’ancienne Égypte, et qu’il ait appartenu à l’une des plus hautes classes de divinités, ce sont là des faits mis hors de toute discussion par la fréquence des images de ce dieu sur les monuments des divers ordres, et par celle des invocations qui lui sont adressées dans le grand Rituel des morts ou livre de la manifestation à la lumière[1], ainsi que dans les tableaux et les stèles d’adoration.

Le nom de ce dieu a été diversement orthographié dans les manuscrits hiéroglyphiques et hiératiques, comme dans les inscriptions gravées sur les temples et les monuments funéraires. On a recueilli toutes ses variations pl. 26 (A) (nos 1, 2, 3 et 4), et pl. 26 (C) (nos 3, 4, 5, 6 et 7). La forme la plus simple (pl. 26 (C), nos 6 et 7) se trouve constamment reproduite dans tous les textes hiératiques, sans aucune modification, telle qu’on la donne ici pl. 26 (A), no 4. Réduit ainsi à ses véritables éléments, ce nom, composé des signes phonétiques ou , et , suivis parfois du signe de la voyelle ⲟⲩ[2], se prononçait ⲇⲧⲙⲟⲩ ou bien ⲟⲧⲙⲟⲩ, et par abréviation ⲧⲙⲟⲩ ; car le signe initial, la feuille de roseau ou , se trouve fréquemment omis dans les légendes hiéroglyphiques[3]. La forme hiératique de ce nom divin n’offrant jamais de caractère équivalent au caractère figurant un traîneau, qu’on remarque assez habituellement dans le même nom écrit en signes hiéroglyphiques, établit suffisamment que ce caractère n’est qu’un simple déterminatif du sens même de ce nom, sans entrer pour rien dans sa prononciation. Quant au signe qui termine le groupe phonétique ⲇⲧⲙ (pl. 26 (C), no 7), c’est encore un signe déterminatif du nom entier, et il appartient à la classe des caractères figuratifs, car il reproduit l’image même du dieu dont il accompagne le nom.

ⲇⲧⲙⲟⲩ est en effet habituellement représenté sous une forme tout humaine : ses chairs sont peintes de couleur rouge ou de couleur verte (pl. 26 (A)). Le dieu, assis sur un trône et tenant dans ses mains les insignes de la vie et de la bienfaisance divine, porte sur sa tête la grande coiffure royale, le pschent, symbole de la domination sur les régions supérieures et inférieures : cette coiffure dénote à elle seule l’étendue des attributions du dieu, et ne permet point de le ranger parmi les divinités d’un rang ordinaire ; aussi le trouve-t-on toujours, dans les peintures ou les bas-reliefs représentant des scènes mystiques, associé à des divinités d’un ordre très-relevé.

Un tableau funéraire, peint sur bois[4], nous montre le dieu Atmou ayant en main les emblèmes combinés de la bienfaisance, de la vie et de la stabilité, marchant immédiatement après le dieu Phré, et suivi du dieu Thoré, d’Osiris, d’Horus, ainsi que des deux divines sœurs Isis et Néphtys. Atmou conserve ce même rang dans la prière tracée au-dessous de ces images, prière dans laquelle chacune de ces six divinités est successivement invoquée. Une autre scène symbolique, peinte dans la troisième partie de tous les exemplaires complets du Rituel des morts, prouve aussi, non-seulement qu’Atmou tenait, dans le système théogonique égyptien, un rang supérieur à celui d’Osiris et des dieux de la troisième classe, mais encore que des divinités de la seconde, telles que Sôou et sa sœur Tafné, Sèv et sa sœur Netphé, ne marchaient qu’après lui dans la hiérarchie céleste. Il s’agit de la vignette de l’un des chapitres du Rituel des morts, intitulé Adoration au dieu Phré (le Soleil), se mouvant dans sa bari ; on y a représenté[5] le Soleil, sous la forme de l’épervier sacré, dans un disque porté sur le vaisseau, et assisté de neuf divinités, dont la première est Atmou, après lequel sont assis les dieux et déesses de la seconde et de la troisième classe, que nous venons de citer. Le texte explicatif de cette scène symbolique, transcrit sur notre planche 26 (C), no 2, porte en effet : Ceci est l’image de l’épervier divin dans la bari ; la couronne des régions supérieures est sur sa tête ; il est honoré par Atmou, Sôou, Tafné, Sèb, Netphé, Osiris, Horus, Isis et Néphtys. L’étude des monuments égyptiens nous a d’ailleurs appris que, dans toute peinture ou tout bas-relief, l’ordre dans lequel les divinités sont placées indique invariablement le rang et l’importance relative de chacune d’elles.

Il faut donc, d’après les faits précédemment exposés, considérer Atmou comme le chef des dieux de la seconde classe, et le placer immédiatement après le dieu Phré, le dernier des dieux de la première, dans le système théogonique égyptien, divinité avec laquelle Atmou se montre partout dans une liaison fort intime sous le rapport des attributions et des emblêmes ; ses titres les plus ordinaires : Dieu grand[6], seigneur du monde matériel[7] ; Dieu grand, seigneur du ciel[8], l’assimilent en général aux êtres mythiques les plus importants, mais au dieu Phré ou le Soleil en particulier.

Il y a plus, un grand nombre de monuments démontrent l’identité de Phré et d’Atmou, ou, en d’autres termes, établissent clairement qu’Atmou n’est qu’une des nombreuses formes du dieu Phré qui, lui-même, n’était qu’une forme sensible d’Amon-Ra.

Notre planche 26, calquée sur une magnifique momie du Musée de Turin, nous offre ces deux divinités réunies en une seule, comme ne permet point d’en douter la légende hiéroglyphique ⲣⲏ-ⲧⲙⲟⲩ ⲙⲟⲩⲧⲉ ⲛⲏⲃ-ⲧⲟ, le dieu Ré-Tmou, seigneur du monde matériel, inscrite au-dessus de ce personnage, dont la tête est celle de l’oiseau sacré du Soleil, l’épervier, unie à un corps humain, et dont les chairs sont de couleur verte, teinte souvent affectée au corps entier du dieu Atmou, lorsqu’on le représente sous une forme tout humaine[9]. Le fouet placé dans la main droite du dieu, et le pedum ou sceptre à crochet, qu’il tient de la gauche, expriment assez clairement les attributions incitatrices et modératrices de cette double divinité. La fille aînée du dieu Phré, la déesse Vérité ou Justice (Thmei), caractérisée par la plume d’autruche fixée à sa coiffure au moyen d’un riche diadème, obombre le dieu de ses ailes étendues, et rappelle l’idée des chérubins qui figuraient également avec leurs ailes éployées parmi les décorations de l’Arche d’alliance et celles du sanctuaire des enfants d’Israël.

Un nombre très-considérable de tableaux peints sur bois, ou de stèles d’adoration sculptées et de diverses matières, établissent cette combinaison de Phré et d’Atmou[10] en un seul être mystique, et sous le nom composé de Phré-Atmou, c’est-à-dire le Soleil-Atmou. Mais cette image sacrée reçoit quelques modifications, suivant que l’artiste a voulu indiquer dans cette forme complexe la prédominance de l’un ou de l’autre des éléments qui la constituent. Si l’acte d’adoration est plus particulièrement adressé à la forme de Phré qu’à celle d’Atmou, on représente le dieu avec une tête d’épervier surmontée du disque, debout et en mouvement, les jambes séparées[11], et couvert du court vêtement égyptien appelé schenti. Dans le cas contraire[12], d’étroites bandelettes enveloppent le corps entier du dieu, et lui donnent l’apparence d’une momie à tête d’épervier ornée du disque solaire. C’est là en quelque sorte la momie du dieu Phré lui-même. (Voyez notre planche 26 (B), calquée d’après un tableau peint sur bois, du Musée de Turin.)

Cette circonstance très-remarquable nous conduit directement à conclure que le dieu Atmou, considéré sous le rapport cosmologique, n’est autre chose qu’un symbole du Soleil mourant, l’image mystique de l’astre du jour arrivé à la limite occidentale de l’horizon, et entrant dans l’hémisphère inférieur. On sait que les idées occident, nuit, mort et enfer, furent toujours en Égypte, comme en beaucoup d’autres contrées, dans une étroite connexion, et même presque identiques.

L’autorité des monuments confirme pleinement cette conclusion. Il existe dans les musées égyptiens de l’Europe, et en particulier dans ceux de Paris et de Turin, plusieurs tableaux, peints sur bois, contenant des actes d’adoration aux deux formes du Soleil Phré et Atmou. Ces tableaux présentent une disposition toute particulière ; le haut en est occupé par le disque ailé orné d’uræus[13], l’emblème du premier Hermès ou la lumière primitive ; la partie inférieure contient une prière, plus ou moins étendue, adressée aux dieux Phré et Atmou, qui sont représentés séparément dans le milieu du tableau, debout, adossés, et recevant l’un et l’autre les offrandes de l’adorateur, dont l’image est figurée deux fois à cet effet. Phré tient toujours la droite du tableau, la gauche étant toujours réservée à Atmou. Or les mots droite et orient, gauche et occident, sont synonymes dans l’écriture sacrée égyptienne ; Phré est donc le Soleil à l’Orient ou dans l’hémisphère supérieur, et Atmou le Soleil à l’Occident ou dans l’hémisphère inférieur. Aussi parmi les peintures d’un cercueil de momie[14], représentant, à la droite et à la gauche, des cynocéphales adorant les emblêmes de Phré et d’Atmou, lit-on à la droite la formule : Adoration au Dieu-Soleil dominant dans la station orientale du ciel ; tous les humains tiennent la vie de sa lumière[15] ; et à gauche : Adoration au Dieu-Soleil possesseur des biens dans la station occidentale du ciel[16], possesseur des biens dans la contrée de Onkh (c’est-à-dire de la vie). Les titres donnés à ces deux divinités dans les tableaux d’adoration, sont absolument les mêmes sur un monument de ce genre existant au Musée royal du Louvre[17]. Le suppliant, un prêtre d’Amon-Ra roi des dieux, donne, par exemple, au dieu Phré les titres de dieu sauveur, dominant dans la station orientale du ciel, grand esprit, etc. ; et au dieu Atmou, ceux de dieu sauveur, Soleil Atmou, possesseur des biens dans la contrée de la vie ; et ce dernier dieu y reçoit enfin la qualification bien remarquable de lion de la nuit[18] ou gardien vigilant de la nuit, si on veut prendre le lion dans un sens tropique.

Les deux points extrêmes de la course apparente du Soleil, de l’Orient à l’Occident, se trouvent ainsi symbolisés sous les noms de Phré et d’Atmou ; considérés métaphysiquement, l’un préside à l’hémisphère supérieur de l’univers toujours lumineux, habité par des essences éternelles ; et l’autre est censé parcourir et gouverner l’hémisphère inférieur, siége des ténèbres, et qu’habitent des êtres soumis à une vie mortelle. Phré domine sur l’Orient, et Atmou sur l’Occident : au premier se rapporte l’œil droit symbolique, et au second l’œil gauche : de là vient aussi que, dans le Rituel funéraire, dont un des chapitres contient la consécration de chacun des membres du corps humain à l’une des divinités de l’Égypte, le défunt dit : Ma tempe droite appartient à l’esprit du Soleil dans le jour, et ma tempe gauche à l’esprit d’Atmou dans la nuit[19] ; enfin dans les litanies d’Osiris et des autres dieux, lesquelles font partie du grand Rituel funéraire, le dieu Phré-Atmou est appelé le germe des autres grands dieux, ou le germe mâle des autres dieux grands[20] : une telle qualification dénote à elle seule l’importance de ce double personnage mythique.

On rencontre souvent parmi les objets tirés des catacombes de l’Égypte, de petites pyramides en pierre calcaire ou en granit, dont les quatre faces, chargées de sculpture, reproduisent toujours, à très-peu de chose près, les mêmes scènes ; toutes sont évidemment relatives au Soleil et à son culte : l’une des faces offre l’image en pied du dieu Phré hiéracocéphale ou celle de son épervier symbolique portant le disque au-dessus de sa tête ; sur la suivante est le dieu Atmou, sous forme humaine, coiffé du pschent ; la troisième représente le scarabée à ailes arrondies éployées, symbole constant du dieu Thoré ; et sur la quatrième face se voit l’image de l’adorateur, souvent accompagné de plusieurs membres de sa famille, élevant ses bras suppliants vers la face sur laquelle est sculptée l’image de Phré, circonstance démontrant que celle-ci est bien la face initiale du monument, celle qui présente en effet la forme première du Dieu-Soleil. Ces pyramides réunissent ainsi, dans une même adoration, toutes les formes symboliques du Soleil ; savoir, Phré, Atmou et Thoré ; ce dernier, considéré cosmologiquement, n’est encore qu’une forme du même dieu : la plupart des tableaux et des stèles d’adoration au Soleil ajoutent constamment en effet le nom de Thoré à ceux de Phré et d’Atmou.

La seconde forme divine du Soleil, Atmou, en sa qualité de recteur des régions inférieures, était supposé exercer une influence directe sur la terre et ses habitants. Les rois lui payaient en particulier un tribut constant d’adorations et d’hommages, et les grands monuments témoignent de ces actes de piété des pharaons par les titres mêmes que prennent ces princes dans les inscriptions qui les décorent. Sur l’obélisque occidental de Louqsor, le pharaon Ramsès II est qualifié de roi deux fois aimable, comme Atmou. Le titre chéri d’Atmou a été donné à Ramsès Sesostris, dans l’inscription qui décore la face occidentale du magnifique obélisque de la porte du Peuple à Rome ; sur l’obélisque du Panthéon, le pharaon Apriès ou Ouaphré est traité de bien aimé d’Atmou dieu grand qui réside dans la contrée de la vie ; l’obélisque de Saint-Jean de Latran, celui de Florence et celui de Monte-Citorio, honorent d’un titre analogue les anciens rois Mandouei, Ramsès Sésostris et Psammé-tichus Ier. Le pouvoir royal fut mis sous la protection immédiate d’Atmou, qui accordait un long règne aux souverains qu’il voulait favoriser : c’est ce que l’on peut induire naturellement des titres de chef des attributions royales comme Atmou, et de roi possesseur des années comme Atmou, que prend Ramsès Sesostris sur deux monuments très-remarquables[21] ; une même induction doit résulter encore mieux du titre royal modérateur des modérateurs engendrés d’Atmou, donné à Ramsès II sur l’un des obélisques de Louqsor. On en doit conclure que les rois eux-mêmes furent mystiquement regardés comme des enfants d’Atmou, dont ils étaient les représentants sur la terre. Cela explique enfin la qualité de fils d’Atmou[22] dont se pare Ramsès-le-Grand dans les inscriptions des obélisques du Panthéon, de Florence, et de Tanis : sur ce dernier monument, dont le dessin m’a été communiqué par M. Pacho, le courageux explorateur de la Cyrénaïque, on traite le conquérant égyptien d’Aröeris puissant, fils d’Atmou, roi seigneur du monde, etc., Ramsès, etc. ; et cette formule répond mot pour mot à l’une des formules initiales jadis sculptées sur un obélisque érigé par le même roi Ramsès, et dont Hermapion[23] a donné une traduction fidèle en ces termes : Απολλων κρατερος ΥΙΟΣ ΗΡΩΝΟΣ Βασιλευς οικουμενης ΡΑΜΕΣΣΗΣ, le puissant Apollon, fils de Héron, le roi du monde, Ramessès, etc. Cette traduction grecque a d’autant plus d’importance pour nous, qu’elle prouve (et c’est le seul témoignage à citer à ce sujet) que le dieu égyptien Atmou ne fut point tout-à-fait inconnu aux Grecs : on voit en effet par le texte précité qu’ils l’appelaient ΗΡΩΝ, Héron, nom qui n’a aucun rapport réel de son avec l’égyptien Atmou, mais auquel il serait tout aussi difficile d’attribuer une origine purement grecque : n’est-ce là que la transcription d’un nom ou d’un surnom égyptien d’Atmou, que l’on retrouvera peut-être dans quelque texte hiéroglyphique ? c’est ce que nous n’oserons décider. Notre seul but, tout en notant cette synonymie, n’a été que de faire connaître l’influence directe que le dieu Atmou était censé exercer sur la terre et sur les rois qui la gouvernaient, d’après les idées égyptiennes.

Ce même dieu régissait encore l’une des plus importantes portions de l’hémisphère inférieur, l’Amenthès ou l’enfer égyptien, et les monuments qui lèvent toute espèce de doute sur cette nouvelle attribution d’Atmou, abondent dans les musées royaux de l’Europe, ainsi que dans les collections particulières. Nous citerons seulement ici un tableau, peint sur bois, appartenant au Musée royal du Louvre, et représentant le dieu Thoth-Psychopompe, conduisant l’ame d’une femme au pied du trône d’Atmou. Le dieu, assis, est coiffé de la moitié inférieure du pschent, et son corps paraît enveloppé de bandelettes comme celui d’une momie ordinaire[24]. Ajoutons qu’on a dessiné à l’entrée du cinquième tombeau royal à l’ouest dans la vallée de Biban-el-Molouk, à Thèbes[25], un bas-relief présentant une scène d’un haut intérêt, dont nous traiterons plus en détail dans la suite : il suffit de dire ici qu’on y voit le dieu Atmou exerçant les fonctions de juge suprême des ames dans l’Amenti, et décidant de leurs futures transmigrations. On trouvera d’ailleurs dans le Rituel funéraire des preuves multipliées et irréfragables de l’influence directe que cette divinité était supposée exercer sur les ames des morts. Les défunts le traitent habituellement de père[26] dans les invocations qu’ils lui adressent, et le dieu lui-même prend le titre de père des personnages défunts, dans les légendes qui décorent certaines momies. On lit, par exemple, à côté d’une image d’Atmou peinte, ainsi que celles de plusieurs autres divinités, sur le cercueil d’une momie de femme du Musée royal : Voici ce que dit le dieu Atmou, seigneur du monde matériel, etc., à Ouaranès, fille de Pachopsch : Je suis venu te visiter, moi qui suis ton père[27]. Les autres dieux ou déesses peints sur ce même cercueil adressent des paroles analogues à la défunte, en se déclarant être la mère, le fils ou les frères de cette même défunte.

Ainsi les mythes égyptiens symbolisèrent dans le personnage d’Atmou le Soleil à l’Occident, le Soleil dans l’hémisphère inférieur, régissant en même temps les choses terrestres, et réglant le sort des ames dans les demeures infernales.


Notes
  1. Voyez la partie de ce livre sacré hiéroglyphique gravée dans la Description de l’Égypte, A., vol. II, pl. 72, colonnes 21, 103, 34 ; pl. 73, col. 81 ; pl. 74, col. 33 ; pl. 75, col. 110, 100, 125, 97, 94.
  2. Voyez la légende du dieu sur notre planche 26 et pl. 26 (A), no 4.
  3. Pl. 26 (A), nos 1, 2, 3 ; pl. 26 (C), nos 3, 4 et 5.
  4. Appartenant au Musée de Turin.
  5. Voyez notre planche 26 (C), no 1.
  6. Idem, no 8.
  7. Idem, no 10.
  8. Idem, no 6.
  9. Voyez notre planche 26 (A).
  10. Voyez les variantes d’orthographe de ce nom, pl. 26 (A), no 5.
  11. Tableaux peints des Musées du Vatican, de Turin et de Paris.
  12. Tableaux des Musées de Paris, de Lyon et de Turin.
  13. Voyez nos planches 15 (B) et 15 (C), ainsi que leur explication.
  14. Numéroté O, 7, dans ma Notice descriptive des Monuments égyptiens du Musée Charles X.
  15. Ce texte est gravé sur notre planche 26 (C), no 13.
  16. Idem., pl. 26 (C), no 14.
  17. No A, 310 de ma Notice descriptive des Monuments égyptiens du Musée Charles X.
  18. Pl. 26 (C), no 15.
  19. Manuscrit hiératique du Musée royal, pl. 26 (C), nos 16 et 17.
  20. Rituels funéraires hiératiques et hiéroglyphiques des Musées de Paris et de Turin.
  21. Sur les obélisques de Louqsor et la statue de Sésostris du Musée royal de Turin.
  22. Planche 26 (C), no 18.
  23. Dans Ammien Marcellin, Rerum gestarum, lib. XVII, cap. 4.
  24. Tableau numéroté A, 309, dans la Notice des Monuments égyptiens du Musée Charles X.
  25. Description de l’Égypte, A., vol. II, pl. 83, no 1.
  26. Voir le Rituel funéraire gravé dans la Description de l’Égypte, A., vol. II, pl. 74, col. 34, etc., etc.
  27. Momie notée O, 7, dans la Notice du Musée Charles X.

——— Planche 26 ———

——— Planche 26 (A) ———

——— Planche 26 (B) ———

——— Planche 26 (C) ———